Le poids des mots/maux

C’est fou comme le choix des mots que l’on fait pour s’exprimer influence la vision et la compréhension que notre co-locuteur va avoir de notre discours.

J’ai toujours du mal à parler oralement de la mort de S. Et de dire les mots que je viens d’écrire. Cela dépend aussi de la personne que j’aurais face à moi, du degré d’intimité et de confiance. De ce que j’accepte de mettre à nu face à cette personne. Et aussi un peu, je suppose, de se protéger face à la pitié et l’inconfort qu’on a pas envie d’inspirer à des inconnus.

Face au coach de la salle de sport, j’elude la raison de pourquoi j’étais en arrêt maladie mais que j’avais le droit de sortir et d’aller au sport, pourquoi j’avais résilié mon abonnement , pourquoi je n’avais pas été à la salle pendant 5 mois, et tout d’un coup je revenais et me réengageait. En même temps la salle de sport c’est mon exutoire, alors pas non plus envie de ramener en force mes malheurs. J’y vais justement pour me vider la tête.

Ma médecin traitant et mon endocrinologue (et ma psy bien-sûr) – elles je leur fait confiance. Alors j’arrive à dire les vrais mots, et dévoiler un peu plus ma souffrance.

Et puis il y a la médecin du travail, que j’ai enfin vu suite à ma reprise du travail. Je ne l’ai vu que 2x auparavant, elle est assez bizarre, puis comme dit il n’y a pas vraiment ce lien de vraie confiance/confidence qui s’est créé. Alors forcément, quand elle demande pourquoi j’étais en arrêt maladie, il faut bien le dire. Mais je choisis ces mots, que j’ai déjà prononcé face à une infirmière pour une prise de sang, ces termes cliniques mais qui me semblent bien froids et loin de la réalisaté : « j’ai fait une fausse couche tardive à 21 SA ».

Cliniquement c’est bien le cas, de 15 à 22SA (et donc à 5jours près…), on parle de fausse couche tardive.

Mais je trouve que ces termes minimisent la violence du vécu, l’attachement qu’on avait pour notre fils, le trou béant qui règne dans notre cœur.

Et cela impacte notre locuteur. Elle m’a tenu le même discours que pour une fausse couche précoce, et beaucoup minimisé le vécu, le temps de deuil à faire. J’ai précisé qu’on était passé par une FIV pour qu’elle se rende compte que « vous êtes jeunes, vous avez qu’à recommencer, c’est son expérience qui lui démontre ça » c’était une discours de merde. Mais bon après c’était « ça a marché une fois, ça remarchera, puis vous êtes jeunes ». Ça me fait rire jaune ces médecins qui essayent de nous remonter le moral avec des RALCs… Mais laissez nous vivre notre deuil !

Je me rend compte que si j’avais réussi à dire « mon bébé est mort à 21 semaines », elle aurait probablement eu une vision différente, il y aura eu moins de détachement de ma part (détachement qui m’aide juste à ne pas craquer). Alors il va falloir que j’arrive à dire ces mots quand c’est nécessaire. Que j’ose me dévoiler, exposer mes blessures, un peu plus facilement.

Changer de regard

Chaque famille a ses histoires un peu particulières, anecdotiques, qui sont rarement partagées en-dehors.

Il y en a une qui a résonné particulièrement en moi ces dernier temps, alors que cela semblait anodin auparavant.

Ma grand-mère maternelle a été enceinte à peu près au même moment que ma mère l’a été de moi (je crois que ça s’est joué à quelques semaines/jours de différence). Un accident de contraception. Mais elle a fait une fausse couche, et à ce moment là on lui a découvert un problème, elle a du se faire une ablation de l’utérus. Je ne me suis jamais vraiment intéressée à cette histoire, je ne me rappelle plus ce qui s’est passé exactement (on me l’a raconté quand j’étais petite). Était-ce une grossesse extra-utérine et elle aurait perdu sa trompe ? quel était le problème avec son utérus ? à quel stade exactement ? je ne me souviens guère je dois l’avouer, puis je n’ai jamais été très proche de ma grand-mère.

Il n’était certes pas prévu, mais elle a tout de même perdu ce bébé.

Tout ce temps, elle l’a parfois évoqué, ma mère aussi « t’imagines, t’as failli avoir un oncle ou une tante de ton âge ». Mais je sais que j’ai toujours réagit plus ou moins de la même manière quand on m’en parlait, « nan mais ça aurait vraiment été trop bizarre ».

En février, elle nous avait invité à diner chez elle, pour fêter ensemble l’annonce de ma grossesse. Elle m’en a reparlé à ce moment là. J’ai de nouveau réagit de la même manière, je sais que j’ai été un peu sèche. En mode « c’est bon arrête de radoter, c’est une bonne chose que ce ne soit pas arrivé, ça aurait vraiment été trop bizarre comme situation. »

Forcément dernièrement, j’ai vu cette situation sous un nouvel angle. Je me suis rendu compte de l’égoïsme de ma réaction. Et je sais que ma mère (qui a aussi des relations tendues avec elle) a aussi toujours eu cette vision des choses – peut-être que ma vision des choses vient d’ailleurs d’elle.

Le fait qu’elle évoque cette histoire, ce bébé, en me voyant, moi, enceinte… ce n’est pas anodin. J’ai réalisé que quand elle me voyait, elle devait souvent se dire qu’elle aurait du avoir un enfant de cet âge là, même si ce n’était pas « dans l’ordre des choses », et qu’elle devait probablement se demander à quoi il/elle ressemblerait s’il/elle avait atteint cet âge là quand elle l’a évoqué ….

Côtoyer sa petite-fille, qui lui rappelle ce qui n’est pas advenu…. et que cette souffrance, ce deuil, soit nié par tous car ce n’était pas dans « l’ordre des choses »….. c’est horrible… Pas étonnant que nous ayons toujours eu des rapports assez difficiles….

 

Tomber, se relever et repartir au combat

J’ai du mal à me remettre de cette FIV abandonnée, je n’en reviens pas de cumuler autant de problèmes et de poisse. J’ai d’ailleurs longuement hésité à vraiment faire cette IAC5. Je me disais à quoi bon, c’est voué à l’échec si l’on en croit l’unique article que j’ai trouvé au sujet des FIVs transformées en IAC. Et j’ai peur de souffrir pour rien, car même si je n’y crois pas, l’espoir est tout de même différent que sur un cycle naturel. Mais on a quand même tenté le coup jeudi, pour se dire qu’on faisait quelque chose au lieu de juste attendre. 1,7 millions de spermatozoïdes. Je ne sais même plus si c’est bon ou mauvais au regard des autres IACs.

Parfois je me dis que j’aurais dû commencer les essais plus tôt, car je ne sais pas combien de temps durera ce parcours. Puis je me souviens que je n’avais que 23 ans au début des essais, et ça me mine encore plus le moral.

Car même si je me raccroche à l’espoir que mes ovaires se sont réveillés avec du gonal F 300 au bout de 10jours, je vois bien qu’en général ça pue du cul de mal répondre à la stimulation. Je sais déjà que mon AMH est pourrie alors que je n’ai que 26ans, alors tout ça cumulé, ça me fait très très peur pour la suite. On va pas se mentir, ce résultat était prévisible, et que mes peurs se réalisent m’angoisse encore plus. Ne pas savoir quand aura lieu la FIV1 BIS n’aide pas non plus.


La veille de l’IAC j’ai craqué comme ça ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. J’avais besoin de réconfort, d’être rassuré, mais mon homme au lieu de ça n’a fait que m’enfoncer la tête sous l’eau avec des raleries et remarques à la con.

Du coup j’ai tout lâché, je lui ai dit que je ne pouvais pas aller mal car il fallait que je le gère lui, et que moi si j’allais mal y’avait personne pour m’aider. Il m’a dit qu’il était un grand garçon, qu’il avait se gérer. Croyez-moi non, il ne sait absolument pas gérer les mauvaises nouvelles, sa réaction le soir de l’annonce de l’abandon de la FIV « je vois pas quoi faire à part me pendre »… réaction très normal bien sûr.

Il m’a dit que j’étais hypocrite que je faisais semblant d’aller bien et que ce n’était pas bien si on ne pouvait pas tout se dire dans notre couple. Pourtant ce n’est pas de l’hypocrisie croyez-moi, c’est juste qu’avec les années de dépressions passées, et surtout la réussite pour s’en sortir, et bien j’ai affuté mes armes pour encaisser les mauvais pas, et ma résistance est bien plus grande.

Mais elle a des limites.

Il voulait que je me laisse aller à la douleur, il a été servi. Et croyez moi, ses paroles ont défoncé toutes les barrières qu’il me restait. Au lieu de me dire qu’il y avait de l’espoir et des solutions, il me disait qu’il fallait de toute façon s’attendre au pire, que fallait que j’arrête de croire au miracle et au pays des bisounours. A croire qu’il voulait que je craque pour être sûr que ça m’atteignait. Alors que j’essayais juste de ne pas sombrer…

Toutes mes peurs ont éclaté à la surface. J’ai du pleurer une bonne demi-heure. Que dis-je pleurer, crier de douleur serait plus approprié. Je me suis laissée emporter par un flot de douleur pur.

Il a été totalement désemparé, il n’avait pas imaginé un instant ce qui se cachait derrière la digue…

Il m’a laissé brisée, amorphe toute la soirée…

Je vous avoue que j’ai du mal à remonter à la surface depuis. Une fois que les peurs ont été lâchées, il est difficile de revenir en arrière.

Je vous dirais que comme toujours, je vais me relever et avancer, pour continuer ce combat. Cependant l’horizon s’assombrit avec le temps et les obstacles qui s’amoncèlent, et je ne peux rien faire contre ça….

1 an de blog

Il y a 1 an (et un jour), je franchissais enfin un cap après avoir passé des mois sur la blogosphère en mode sous-marin, et ouvrais enfin mon blog.

Il y a 1 an, je subissais l’échec de la 1e IAC (faite en ambulatoire chez mon ancien gynéco), je m’apprêtais à aller à mon 1er RDV au centre PMA. Il nous aura donc fallu une année entière pour enfin commencer les FIVs.

Il y a un an, j’étais au fond du gouffre et je passais 3 semaines en arrêt maladie pour me remettre un peu sur pieds. Entretemps j’ai bien remonté la pente, acquis de nouvelles armes pour affronter la PMA, vécu de bons et de mauvais moments. Oh je vous avoue que ces derniers temps c’est à nouveau difficile, avec l’enchainement des problèmes de début d’année, la FIV qui approche, le stress de l’organisation du mariage, et surtout l’annonce de la double maladie auto-immune. J’ai du mal à accepter que tout cela puisse arriver à une seule et même personne. Parfois je frise la crise d’angoisse, heureusement j’ai la capacité de friser mon cerveau pour arrêter cela et faire le vide dans ma tête. Mais l’angoisse en bruit de fond ne disparait pas. Il est vrai j’ai songé à me mettre en arrêt la semaine dernière, mais je me suis dit que mon état risquerait d’empirer pendant la FIV, que je ne pouvais pas être en arrêt 2 mois, donc il fallait que je prenne sur moi, que j’étais forte et pouvais le faire. J’ai repris contact pour un RDV avec ma psy, seulement lundi 12/02 mais c’est déjà ça.

 

Mais surtout, il y a un an, j’ai trouvé une place dans une communauté qui m’a soutenue, qui m’a aidé à surmonter toutes les épreuves endurées, pour la PMA comme pour le quotidien. Ce blog a été salvateur, c’est la meilleure décision que j’ai prise en 2017. Vous avez su me donner des réponses à mes questionnements, me rassurer quand je stressais, me réconforter dans les mauvais moments, me faire rire aussi. Il n’y a aucune comparaison entre mon année 2016 et 2017, entre l’avant et l’après blog. J’ai vécu des choses bien plus difficiles en 2017, mais grâce à cet espace de parole, et grâce à VOUS surtout, ça a été moins difficile à surmonter, vous m’avez aidé à me relever plus vite à chaque fois

Alors merci mille fois à vous toutes ❤ ❤ ❤

Et si c’était psychologique ?

Peut-être qu’on se l’est toutes demandées à un moment ou à un autre, surtout si les problèmes rencontrés ne justifiaient entièrement les échecs à répétitions.

Peut-être encore plus pour celles qui ont vécu/vivent des problèmes familiaux.

Peut-être que la société actuelle, l’entourage, les médecins, à force de nous culpabiliser influent sur ces pensées et doutes.

Cette peur chez moi date d’avant même les essais. C’est d’ailleurs à cause de cela qu’avant d’arrêter la pilule, j’ai entamée une thérapie, pour en finir avec la dépression, pour apaiser mes démons. Pour créer un environnement sain pour un enfant, mais aussi pour ne pas risquer d’avoir un blocage psychologique.

J’étais persuadée d’être stérile, car un enfant était la seule chose que je désirai dans ma vie, pour cela que je voulais continuer à vivre. Je ne voulais pas me suicider mourir avant d’avoir vécu cela. Et donc vu que rien ne se passait jamais bien dans ma vie, forcément je devais être stérile, car je ne pourrais jamais vivre de moments heureux (on en revient à la loi de Murphy).

Adolescente, je ne voulais pas d’enfant, je voulais adopter. Pour pouvoir réparer mes blessures les blessures et le manque d’amour de cet enfant. Mais aussi car je trouvais ce monde bien trop pourri pour accepter d’y faire naitre un enfant qui ne méritait pas de devoir vivre au milieu de toute cette horreur. Par contre s’occuper d’un enfant déjà présent et pouvoir faire un peu de bien dans ce monde, c’était l’équation idéale.

 

Et aujourd’hui ?

Une part de moi reste persuadée que les problèmes de mon homme n’expliquent pas tout. Bordel, le 1er spermogramme était très bon (d’ailleurs au début, le gynéco était persuadé que du coup le problème était chez moi). 200 millions de spermatozoïdes, pourquoi ça ne marchait déjà pas à ce moment ? N’y aurait-il pas un autre problème caché ?

Une autre part de moi se rend compte que je n’ai qu’effleuré la surface de mes problèmes familiaux. Avec la PMA, ils ressortent à nouveau mais avec des aspects supplémentaires. Et la nouvelle psychothérapie entamée depuis quelques mois éclaire de nouveaux angles qui étaient passés inaperçus.

Non, les problèmes de relations familiales ne touchent pas que moi au sein de ma famille, mais aussi nos relations entre sœurs, les relations de mes parents avec leurs parents et leur fratrie, mes relations avec mes grands-parents, les relations de mes grands-parents avec leurs parents et leur fratrie….

En fin de séances psy hier, j’ai déballé vite fait tous ces problèmes à ma psy… elle a fait « waouh….. j’ai pris pleins de notes, faut qu’on reprenne tout ça la semaine prochaine parce que c’est assez fou ce que vous me dites là ».

Il y a une incapacité dans ma famille, aussi bien paternelle que maternelle à donner un vrai sens au mot famille, à créer des vraies relations entre les différents membres. Et personne ne le vit bien c’est ça le pire.

Et si une partie de moi l’avait toujours remarqué ? et si une partie de moi se disait que, malgré les souffrances de chacun, même quand ils en avaient conscience, ils ont quand même reproduit la même chose, et je vois que ma sœur le reproduit aussi avec mon neveu, et même moi je reproduis certains aspects par mimétisme, alors… Est-ce que mon inconscient ne se dirait pas que la seule façon de stopper cette chaine est de stopper la lignée une bonne fois pour toute, pour arrêter les souffrances ?

 

 

 

Un déclic

En cette période de rien du tout, je suis un peu plus absente de la blogosphère, car j’essaye et réussi à penser à d’autres choses. J’avoue qu’en général ça me démoralise un peu quand je rattrape mon retard de lectures car ça me replonge dedans, même si paradoxalement j’ai toujours hâte d’avoir de vos nouvelles.

Vous vous en doutez, nous avons choisi de ne pas faire d’IAC ce mois-ci. Nous ferons peut-être la 5e le mois prochain mais ce n’est pas sûr. Je me sens bien mieux dans cette période de calme avant la tempête le début du parcours FIV, et j’ai peur de perdre cela en faisant une IAC. Mais on en discutera dans une dizaine de jour pour savoir ce qu’on fait. Cela dépendra aussi de l’issue du RDV chez l’endocrinologue le 13 juin.

Mon homme m’étonne, il croit encore et toujours au bébé couette et ce mois-ci il est méga stressé à l’idée de louper la bonne période (« même si ça a moins de chance de marcher on tente hein »). Et j’avoue que ça me gave qu’il me demande tous les jours (même si je lui ai répondu), car je n’ai pas envie de ces rapports programmés. J’ai besoin d’une vie normale, où l’on se voit tout nu juste parce qu’on le désir, et non pas parce qu’il le faut (et au final je vois mal comment on louperait la bonne période vu qu’on est pas vraiment frigides quand y a pas les piquouzes pour défoncer ma libido ^^). Ses espoirs me font peur, car à la fin de ce cycle je sens que je vais devoir le ramasser à la petite cuillère à nouveau.


 

Cette période de calme me permet aussi de prendre un peu plus soin de moi et de réfléchir. Je prends à nouveau plaisir en allant à la salle de sport, et je vois bien les résultats. Mais surtout j’ai pu mener une réflexion sur mon poids.

Je l’ai déjà mentionné à gauche et à droite sans en parler franchement. Je suis en surpoids depuis maintenant quelques années. 10kg à perdre pour ne plus être en surpoids, 20kg pour atteindre mon poids de forme. J’ai commencé à prendre du poids en allant à la fac et en m’installant avec l’homme. Bien-sûr l’arrêt du sport n’a pas aidé.

Il y a environ 4 ans j’avais réussi à perdre 15kg, mais j’ai tout repris. Je n’avais pas fait de régime drastique, mais je n’avais pas réussi à rééquilibrer mon alimentation. Suite à cela, j’ai même pris 5kg supplémentaires et je suis montée à 90kg (heureusement que je ne suis pas petite). Depuis je variais entre 86 et 90kg. J’ai essayé plusieurs fois de perdre (ou au moins ne pas reprendre), mais à 86kg impossible de descendre en dessous. Pourtant mon alimentation a drastiquement changé entre temps. Le cap du rééquilibre a été franchi, j’ai supprimé énormément de sucre dans mon alimentation (thé, café, yaourt nature, muesli maison sans sucre ajouté) et d’ailleurs depuis je trouve tout trop sucré quand ce n’est pas moi qui le prépare. Depuis 2 ans je fais au minimum 12km de vélo par jour, depuis un an j’ai repris le sport assidûment (course puis depuis novembre salle de sport entre 2 et 3 x/semaine). Mais non, je ne passe pas cette foutue barre de 86kg. C’est frustrant quand on fait plein d’effort, car on ne sait plus quoi changer !

J’ai commencé à prendre conscience que peut-être j’avais un problème avec la nourriture il y a quelques mois, avec le début des IACs. Avant je considérais que j’avais pris du poids parce qu’on mangeait juste en trop grande quantité. Mais non cela va au-delà. Avec les IACs, j’ai commencé à grignoter toutes les aprems au boulot. Dès que ça n’allait pas, je cherchais une barre au distributeur, et je ne l’appréciais même pas parce que je la trouvais trop sucrée, en plus je n’avais même pas faim et je culpabilisais à mort. Je me suis rendu compte de ce mécanisme et que si je commençais à grignotter il y avait un vrai problème. Dès que je vais mal je mange beaucoup plus et mal (trop gras). A chaque échec on finissait par commander des pizzas le soir même, mais aussi souvent quand un jour de la semaine on était trop mal pour cuisiner. Et même avant, je me rends compte que pendant mes périodes de déprimes je mangeais très mal aux repas. Donc maintenant j’évite ce genre de comportement. J’ai dit à l’homme, on ne peut pas manger de la merde dès que ça va pas, sinon on va finir obèses avec la PMA, et ça va pas aider. Mais malgré cela, rien n’a changé sur l’affichage de ma balance.

Plus récemment, il y a 2 ou 3 semaines, une évidence m’est apparu. J’ai commencé à vraiment prendre du poids à 19 ans. Alors oui la bouffe, le manque de sport, le stress des études, l’installation en couple,  ça a eu une influence. Mais à 19 ans il y a eu un autre changement dans ma vie.  A 19 ans c’est le moment où l’envie viscérale mais inassouvissable d’avoir un enfant a pointé le bout de son nez. Inassouvissable car nous étions trop jeunes, on ne se sentait pas assez matures et cela aurait été trop compliqué en étant tous deux étudiant, sachant que monsieur se destinait à un doctorat, donc encore de nombreuses années d’études devant lui. Mais ce n’est pas parce que la raison intervient que l’envie s’estompe. Et oui je dois bien l’avouer, il y avait quelque chose de doux et réconfortant à voir mon ventre s’arrondir….

Mais que faire de cette évidence qui s’affichait sous mes yeux ? et bien comprendre les implications. Depuis 5 ans j’essaye de perdre du poids en prenant en compte les mauvais paramètres mais aussi pour les mauvaises raisons; perdre pour perdre à cause du mot surpoids; perdre avant de débuter les essais BB pour ne pas être une baleine en fin de grossesse et parce que ça sera plus dur à perdre une fois qu’il sera là; perdre parce que les médecins disent que bon c’est plus fréquent d’être infertile quand on a du surpoids (même si au final ça n’aurait pas vraiment de lien pour moi). Depuis 5 ans je cherche des excuses à ma prise de poids sans chercher à savoir vraiment pourquoi j’ai pris au départ.

Qu’est ce qui peut bien me bloquer ?

Il faut que j’accepte que perdre du poids ne veut pas dire que je ne serais jamais enceinte, cela ne veut pas dire que mon ventre ne s’arrondira plus jamais.

La nourriture a beau remplir mon ventre et le faire grossir, ce n’est pas mon utérus qu’elle remplira.

Deux semaines que j’ai pris conscience de cela, deux semaines que je n’ai plus envie de grignoter, que je mange moins au repas sans aucun effort.

Deux semaines que j’ai pris conscience de cela. A ce moment là la balance affichait inlassablement 86kg.

Ce matin elle affichait 83.8kg ….

 

La loi de Murphy

« Anything that can go wrong, will go wrong »

Une phrase pour résumer ma vie. Tout ce que je touche, tout ce que j’entreprend, tout ce que je désire, finit par échouer, par se consumer.

J’attends le twist façon Hollywood dans ma vie, mais il ne vient pas car nous ne sommes pas dans un film, ou pas dans la bonne catégorie. C’est plutôt le film dramatique qui commence bien, mais où tout se détériore au fur et à mesure. On est plutôt dans  Alabama Monroe que dans Bridget Jones (et l’ironie dans le choix de mes films, c’est que dans les deux cas les héroïnes tombent enceintes facilement et sans le vouloir). Les drames s’enchainent et la fin est insupportable.

Alors comment avancer ? Comment subir les traitements en  étant persuadée que de toute façon vu que tout tourne au pire dans ma vie, nous ferons partie du pourcentage qui ressortent le ventre vide de la PMA ?

Ou alors vu que DNLP aime me torturer, que si par miracle je suis enceinte je perdrais cet enfant à un moment ou à un autre ?

Je ne vois pas d’issue heureuse à cette histoire. Et le pire c’est que je ne suis même pas en phase dépressive….

Je n’ai pas beaucoup de buts précis dans ma vie, je ne suis pas une fille passionnée par tout. Mais une de ces rares choses est d’avoir un enfant. Une de ces rares choses qui pourraient me rendre vraiment heureuse. Alors pourquoi y aurais-je le droit ? Si toutes les choses qui pourraient me rendre heureuses ont échouées, pourquoi la plus importantes de toutes n’échoueraient pas ?

Je suis en PMA parce que bien sûr je veux tout tenter, je ne veux pas me dire que j’ai pu passer à côté. Mais en même temps j’ai l’impression de faire cela pour avoir la conscience tranquille, tout en étant déjà persuadée de l’issue fatale. J’ai envie d’expédier tout ça au plus vite, pour pouvoir ensuite me reconstruire sur d’autres bases.

 

Avant les essais, quand on me demandait de m’imaginer dans 10 ans, je m’imaginais en train de me promener avec mon homme, 2 enfants marchant à nos côtés et une poussettes. Aujourd’hui je vois le néant. Je n’arrives plus à me projeter. Je ne me dis pas que dans 10 ans nous serons parents….

 

Nous ne nous sommes toujours pas décidés pour l’IAC 5, dont les piqures devraient commencer demain si jamais on la lance de suite. Car on y croit plus du tout à ces IACs. Mais en même temps j’ai toujours la peur de ne pas avoir tout tenté (donc faire les 6 IACs), de passer à côté d’une grossesse plausible avant de partir en FIV.

On ne sait pas quoi faire. Alors pour l’instant on ne fait rien.

L’annonce de trop qui m’a fait craqué ce matin. Je croyais être épargnée par les annonces d’enfants dans mon service, vu que à part mon collègue de 28 ans (qui ne veut pas d’enfants pour le moment), les autres ont entre 45 et 60 ans. Mais je n’avais pas anticipé l’annonce de naissance du petit-fils. On a eu le droit à la discussion sur les noms, l’accouchement, les autres naissances à venir dans l’entourage. J’ai réussi de justesse à échapper à la photo. Ca m’a fait l’effet d’un coup de poignard, venant finir de déchirer mon armure…

 

Vendredi : torture et introspection

Vendredi = suite de la formation.

Pas mieux que la veille, j’ai eu le droit à une formation pour gérer les incivilités par un mec misogyne qui réglait les incivilités par…. des incivilités…. C’était fun, vous pouvez pas imaginer.

Pause midi avec le club des femmes enceintes/jeunes mères. Ne pouvant fuir j’ai intégré la discussion, et parlé d’habillement de bébé par les papas, d’où habiter pour élever sa progéniture…. A mon avis elles ont du capter que pour moi l’envie d’être mère ne se cachait pas très loin.

Le soir j’ai eu la malchance de faire 1h30 de train à côté de la nana enceinte de 6mois. On a donc parlé d’aménagement de chambre d’enfant, de l’annonce de la grossesse à la DRH et des avantages de notre convention collectives (elle a vraiment du capter que j’étais très intéressée). J’ai donc appris qu’après annonce auprès de la DRH, on reçoit un courrier qui explique tous nos droits. Et que grâce à notre convention collective, on a le droit à 45 jours de congés maternités en +, et encore 45jours supplémentaire si on allaite ! ça donnerait presque envie vous ne trouvez pas ?

Et puis j’ai beaucoup réfléchi sur moi… notamment à cause d’une phrase prononcé la veille pendant le diner, sur le débat des baignoires et femmes enceintes. Quand la nana enceinte a dit qu’elle n’avait pas réussi à négocier une chambre avec baignoire parce qu’il n’y en avait plus de libre, une conasse autre nana a dit « si ça se trouve c’était juste une meuf jalouse et aigrie parce qu’elle peut pas avoir d’enfant, alors exprès elle ne t’en a pas donné »

….

Vous imaginez bien la douleur d’une telle phrase…. Je me suis posé plusieurs questions, déjà pourquoi les gens s’en prennent à nous ? c’est dégueulasse de dire des choses pareilles ! Et je me suis demandée, Est-ce vraiment la vision que l’on renvoi ?

Suis-je vraiment aigrie et jalouse ?

Certes je ne pense pas qu’être enceinte donne des passe-droits, ce n’est pas une maladie, et on n’est pas la reine-mère parce qu’ on a un polichinelle dans le tiroir. Mais je pensais cela avant même de vouloir un enfant ! Après si une meuf enceinte de 6 mois est debout pour un trajet d’1h dans les transports en commun, je lui laisserais tout de même ma place.

Je n’ai pas arrêté de penser à cela tout le jeudi soir et tout le vendredi. Et encore plus pendant les discussions avec le club des ++.

Au fond pourquoi évite t’on les discussions de femmes enceintes et bébés ? Par simple jalousie ? Et bien je ne pense pas. Ma réflexion a avancé avec les discussions auxquelles je pouvais difficilement échapper.

Je n’en veux pas aux femmes enceintes, je ne les détestes pas sauf quand elles se plaignent. Je suis triste de ne pas être dans leur situation. Je ne déteste pas ces conversations. Au final je rêve de les avoir, je crève d’envie de les avoir. Mais ça fait un mal de chien et c’est pour ça que je les évite.

Ne pas avoir réussi à y échapper m’en a fait m’en rendre compte. Même si ça m’a fait mal, j’avais envie de prendre part à ces discussions. Bon résultat des courses j’étais au 36e en dessous en rentrant chez moi le vendredi soir, car c’était très éprouvant.

Je ne suis pas aigrie, je suis juste triste.