L’homme a enfin décroché le téléphone et réussi à joindre le centre PMA jeudi dernier (à chaque fois il appelait après la fermeture les jours précédents).
Je n’en avais pas la force, alors je lui ai délégué cette tâche. J’ai assez donné de ma personne ce dernier mois alors je n’ai plus envie de faire quoique ce soit. Même pas envie de chercher des réponses. Je suis blasée. Et je sais que de toute façon aucune réponse ne me fera aller mieux.
Comme attendu, notre dossier doit passer en réunion de staff’, puis on doit attendre la lettre pour nous dire si on a le droit de continuer. Normalement oui, ils devraient valider le fait qu’on passe en ICSI. La même qu’en février quoi. Notre dossier passe ce jeudi, mais on peut déjà appeler jeudi soir pour avoir des nouvelles et potentiellement se réinscrire tout de suite sans attendre la lettre (j’ai bien fait de faire appeler l’homme, moi on ne m’avait pas proposé ça). Le plus probable niveau timing pour une nouvelle tentative c’est vers octobre. On verra comment ça se profile.
D’après la secrétaire, ce n’était pas utile de prendre RDV avec le biologiste, pour elle il fallait vraiment qu’on attende le passage de notre dossier au staff pour qu’ils puissent nous apporter des réponses suite à ça.
Je ne sais donc toujours pas combien il y avait d’ovocytes matures, ni pourquoi ils ont juste fait une FIV classique et pas une 50% classique /50% ICSI. Mais les deux sont probablement liés, et au fond à part me mettre plus mal avec un nombre d’ovocytes matures pourris, pour le moment cette réponse n’est pas urgente.
Par contre j’ai fait des recherches de mon côté sur le problème de non-fécondation. Parce qu’au fond c’est ça qui m’importe le plus. Et qu’on me dise juste « la FIV ICSI devrait résoudre le problème », ben c’est pas une réponse. Je me suis donc plongée dans les revue médicales.
Il en ressort qu’en soit, en refaisant une tentative de FIV classique suite à un échec de fécondation, à la 2e tentative ça a beaucoup de chance de fonctionner (je n’ai plus les chiffres en tête, mais c’était très haut). Souvent c’est un problème ponctuel de maturation d’ovocytes ou de qualité du sperme le jour J. Mais en général les centres passent direct en ICSI pour ne pas prendre de risques. Et après deux FIVs foirées, de toute façon jamais je ne tenterais une seconde fois en risquant le même échec.
La 1ere explication possible, c’est donc les gens qui n’ont juste pas eu de chance avec un échec de fécondation car probablement un problème ponctuel.
La 2ème explication : problèmes du côté des spermatozoïdes, l’ICSI est donc censée résoudre ce problème dans la plupart des cas.
La 3ème explication : problème d’ovules. Et là malheureusement l’ICSI n’y change rien. Différents problèmes sont possibles, mais en général c’est vraiment mauvais signe et ça se finit en DO ou rien pour la plupart des cas. Et comme vous vous en doutez, la seule façon de le savoir, c’est de tenter l’ICSI.
Bref, il faut espérer que ce soit « juste » un problème de spermatozoïdes. En soit les résultats de mon mari pointent dans cette direction. Mais on est jamais à l’abris de cumuler les problèmes, donc on ne peut pas écarter le problème d’ovocytes. Seule la suite du parcours nous le dira.
Il y a des conversations qu’il faudrait qu’on ait, mais je ne peux m’y résoudre et les élude.
Plus ça se passe mal, plus la possibilité des solutions alternatives s’entrouvre. Mais je me dis que tant qu’on a pas tout essayé, je ne veux pas l’ouvrir et regarder ce qu’il y a. Mais par intermittence certaines bribes atteignent mon cerveau et me font me questionner.
Le jour des mauvais résultats, mon mari a évoqué l’adoption. Mais je lui ai dit que de toute façon pour le moment on avait rien à perdre à tout donner en PMA, car nous ne remplissons pas les critères du droit à l’adoption pour le moment.
On a beau être ensemble depuis 12 ans, au yeux de la loi nous sommes mariés depuis 1 mois et quelques et je vais seulement avoir 27 ans à l’automne. Donc encore au moins un an à attendre pour commencer les démarches si jamais. Je trouve ça d’ailleurs très injuste. On devrait pouvoir faire valoir la longévité de notre couple avant mariage. C’est pas comme si on ne pouvait pas prouver qu’on vit ensemble depuis 9 ans. La loi est injuste pour les infertiles jeunes qui ont pris leur temps pour se marier.
Et quand je vois les difficultés des démarches et l’attente, je ne sais pas si je suis capable de me lancer dedans un jour. Je ne sais pas non plus si je serais de taille à affronter les problèmes que l’abandon a pu occasionner pour ces enfants. On va pas se mentir, cela me fait surtout peur depuis que mon collègue qui a un enfant adopté, a un jour appris la nouvelle qu’une fille adoptée par des amis à lui (au même moment que son fils, amitié à l’origine de cet aspect commun de leur vie), s’est suicidée. Et de voir ensuite que le taux de suicide chez les enfants adoptés est bien plus haut que pour le reste de la population. Tout cela me fait extrêmement peur maintenant.
Il y a aussi la question du don de gamète qui aurait besoin d’être discutée en couple. Cette question me trotte dans la tête, car on se sait jamais. Avec l’échec de fécondation, la possibilité de cette voie a augmentée, même si c’est probablement trop tôt pour y réfléchir vraiment.
Au début de notre parcours, avant même l’entrée officielle en PMA, mon homme avait dit que de son côté, le don de sperme était totalement impensable. De mon côté je faisais ma maligne en disant que si c’était la seule possibilité pour lui offrir un enfant de sa chair, je serai OK avec le don d’ovule, sûr et certain.
Maintenant que cette question me revient dans la tête, c’est moins certains. Je me pose des questions sur comment je le vivrais (serais-je capable d’aimer cet enfant, aurais-je l’impression qu’il est le mien ?). Comment assumer ce choix auprès des autres ? N’est-ce pas aller trop loin au nom du désir d’enfant ? si mon corps n’est pas capable de porter la vie, ne faut-il pas juste l’accepter au bout d’un moment ? mais en même temps suis-je prête à renoncer à un enfant de notre couple, avec les gamètes de mon mari, et qui grandira en moi, qu’on verra évoluer sur les échographies ?
Je ne sais pas…. J’espère sincèrement que la question ne se posera pas vraiment. Et je ne connais pas la vision de mon mari sur la question du DO, car je n’ai pas envie d’avoir cette conversation. Comme si en parler à voix haute risquait de valider la probabilité que la question se pose vraiment.
Je pense que cela se ressent en lisant ces lignes, niveau moral ce n’est pas top. Je crois que je me suis cachée derrière ma muraille pour ne pas aller trop mal, mais depuis la semaine dernière je commence à m’autoriser à aller mal. J’ai besoin de vacances (plus qu’une semaine à tenir heureusement). Je suis fatiguée. Et à fleur de peau, comme une envie de pleurer sans raison. Ce weekend j’ai d’ailleurs craqué pour un rien. Et enfin réussi à laisser libre cours à ma peine.
Cette impression que mes ovocytes ont été « jetés à la poubelle » suite à cet échec a eu des répercussions surprenantes sur mon psychisme. J’ai oublié que j’allais avoir mes règles. Une impression dans ma tête qu’elles ne pouvaient pas arriver, comme si on m’avait volé ma féminité, ma fertilité inexistante. J’ai d’ailleurs oublié de racheter des serviettes hygiéniques. Heureusement que j’ai ma cup et que j’en avais encore quelques unes en rab (vu mes règles hémorragiques, je suis obligée de combiner cup+serviettes pour éviter les fuites).
Car en soit cet échec nous a appris une chose, c’est que sans fécondation naturelle, il n’y aura jamais de « bébé couette miracle »; et que toutes ces années d’essais, toutes ces IACS, étaient vaines. Et qu’on a mis 4 ans 1/2 pour l’apprendre. Je crois qu’il y a un deuil à faire de ce côté là.
Ce grand vide dans la poitrine est revenu à la charge après cet échec. Il me suit en permanence, même pendant les moments qui devraient être heureux. Contrairement à d’habitude, j’ai des idées pour aider à le combler. Mais il faut encore réussir à les exécuter. J’ai envie d’écrire ces idées de livres qui me trottent dans la tête, mais que je ne mène pas à bout, voir ne commence même pas. Ma dernière idée j’ai fait la prise de note préliminaire et me suis arrêtée au bout de deux jours. Mais cette fois, sur une autre idée, j’ai réussi à me lancer. Au travail, pendant ma pause déjeuner (de toute façon je n’ai pas le cœur à me mêler aux collègues, j’ai besoin d’être au calme, seule, le midi). Ce weekend je n’ai pas réussi à prendre mon stylo, mais j’ai décollé de netflix pour lire, et c’était déjà une grosse victoire en période de mal-être. Je compte bien continuer l’écriture cette semaine.
Je dois avouer que même la blogosphère est difficile en ce moment pour moi. Beaucoup de stimulations à la même période que moi, alors j’ai pu voir toutes ces nouvelles de fécondations réussies, d’embryons à transférer, voir même de TG positifs. Je n’arrivais pas à me réjouir. Je me disais juste « pourquoi y a que chez moi que c’est autant la merde ». Ca m’a beaucoup rappelé cette 3e IAC où on était plusieurs à en faire au même moment, et je suis la seule pour qui ça n’a pas marché. Cette impression de voir ce quai se remplir et se vider, en étant toujours là pour accueillir les nouvelles têtes et dire au revoir aux autres, en tenant la main aux autres qui comme moi sont là depuis bien trop longtemps à observer cette danse qui nous laisse de côté. Je n’ai plus les mots non plus pour réconforter les aussi poisseuses que moi. Vous êtes toujours là pour me soutenir, alors que moi je n’arrive plus à apporter de soutien, à trouver les bons mots, même si je compatis. J’aimerai réussir à le faire, mais je n’arrive plus pour le moment, et ça m’attriste, je culpabilise.
Au final, cette pause forcée de PMA pendant quelques mois n’est peut-être pas plus mal. Même si je n’ose pas me l’avouer vraiment, il est probable que je n’aurai pas été de taille si j’avais déjà du recommencer un protocole en août. Même si c’est difficile d’attendre encore. Il faut du temps pour panser ses blessures.
J’espère que ces vacances dans une semaine réussiront à effacer la fatigue accumulée ces derniers mois et adoucir un peu mon quotidien pour me remettre de tout ça.
Je ne sais pas quand je publierai de prochain article, peut-être bientôt, peut-être dans longtemps.
Alors en attendant je vous embrasse toutes bien fort ❤