Neige

Même si je n’ai pas l’âme ou de vrai talent de poète, quelques vers inspirés par les flocons qui tombent sans cesse derrière ma fenêtre cet après-midi.

 

Neige

J’ai toujours adoré

Cette lueur douce et feutrée ;

Réminiscence des hivers d’antan,

D’éclats de rire, d’un amour naissant.

 

Mais cette année le cœur n’y est pas

Car elle me rappelle sans cesse ton trépas

Tel un oiseau de mauvaise augure,

Elle me réserve quelque chose j’en suis sûr.

 

Il y a un an c’est elle qui te disait au revoir

Emportant avec elle tous nos espoirs.

La grande faucheuse tout de blanc vêtue

Jetait sur toi son dévolu,

Emportant avec elle par erreur

L’entièreté de nos cœurs .

 

On avait beau être au pays du père-noël,

Il n’y a bien que les neiges qui sont éternelles.

 

 

FIV 1(ter) TEC 1 – journal de bord n°1

Ça fait une semaine que j’ai commencé le traitement, alors je me suis dit que ce serait pas mal de faire un point.

Passée la crise d’angoisse du début du traitement, ça s’est bien calmé. C’est surtout le RDV ostéopathe ce lundi qui m’a grandement aidée. Depuis je suis moins angoissée (beaucoup plus léger et supportable), et je dors mieux (je me réveille qu’1 ou 2 fois apr nuit, et je ne ressens pas d’angoisse pendant ces périodes de réveil. C’est de nouveau mon réveil qui me tire du sommeil le matin, ça faisait longtemps). Ce n’est pas parfait et les angoissés sont toujours là en toile de fond, mais c’est le jour et la nuit par rapport à avant.

Pendant ce RDV, l’ostéopathe m’a fait des manipulation pour préparer le TEC, mais aussi de l’ethiopathie qu’elle fait en parallèle – un truc sur les émotions. Cette partie c’est un truc auquel je ne crois pas du tout, ça ressemble plus à du chamanisme/charlatanisme pour moi que de la médecine. Genre elle te pose des cailloux avec des dessins sur le ventre, elle fait des gestes (pour chasser les émotions), pose des questions sur ce qu’elle pense ressentir chez te faire parler. Bref étant une personne terre à terre, ben ça me fait bien marrer voir ça m’énerve quand ma séance de manipulation devient ça, je me dis que je paye pour rien.

C’est la 2e fois qu’elle me fait une séance comme ça. Ben malgré mes réticences et ma non-croyance, je ne peux que constater le changement entre avant et après la séance. Je ne l’explique pas vraiment, et je n’y crois toujours pas. Mais les résultats là sont là et c’est l’essentiel ! Espérons que ces angoisses calmées tiennent le plus longtemps possible.

J’ai rigolé intérieurement quand elle m’a dit qu’il fallait que j’accepte de ne pas tout contrôler et qu’il fallait lâcher prise, je me suis dit que ça plairait à Kae Browneyes 😄

Et sinon j’en oublierai presque que je suis de retour en PMA, tellement c’est light (et appréciable du coup !) le traitement pour le TEC. Juste des patchs à changer tous les deux jours, ça n’impacte pas vraiment le planning. Et je n’ai que le 1er contrôle dans 1 semaine.

Bon je constate quand même quelques effets secondaires des hormones sur mon humeur : je m’énerve très facilement. Mais tout de même ça n’a rien avoir avec les effets secondaires liés aux doses de cheval des 3 stimulations que j’ai déjà eu ! Et c’est tant mieux, cela rend ce retour en PMA plus facile.

Je pense que la partie compliquée s’annonce avec les contrôles : j’appréhende les échographies et de devoir me déssapper devant un médecin depuis l’accouchement. Alors qu’avant en routarde de la PMA limite j’étais à poil avant qu’on me le demande 🤣 C’est probablement des restes traumatiques, ça  me rappelle des souvenirs de quand ça allait bien puis de l’hôpital quand ça a chaviré à l’horreur et les RDV qui en ont suivi par la suite. Puis ensuite il y aura le stress du transfert.

Mais j’ai encore une semaine de calme avant cela, alors je vais essayer d’en profiter un maximum.

Essayer de ne pas perdre pieds

Voilà, on y est.

J’ai eu mes règles hier soir et commencé le traitement pour le TEC dans la foulée (2patch de videllot à changer toutes les 48h). Rdv de contrôle dans 2 semaines.

Je les sentais arriver (j’avais calculé au 10/01, on est donc raccord), des spottings annonciateurs depuis quelques jours.

Alors hier j’étais angoissée comme jamais, j’ai fait une crise d’angoisse une fois de plus, en arrivant chez ma psy (je crois que je me suis contenue jusqu’à ce moment de la journée où je pouvais lâcher les vannes).

3 semaines depuis notre dernier rdv, qui était pile avant l’appel du centre PMA. Autant dire que je l’attendais avec impatience, surtout vis à vis des angoisses… Et bien c’est une des 1e fois où j’ai trouvé des limites, où je suis ressortie plus énervée qu’autre chose. Car au final elle a détournée la conversation (bon ok je comprends, c’était pour sortir de l’angoisse), mais elle m’a fait parler de trucs dont j’avais l’impression de les avoir vu et revu. Elle m’a dit qu’il fallait se rapeller pourquoi on voulait un enfant, comment on imaginait notre vie si c’était le cas. Alors sur le coup elle m’a prise au dépourvu, et j’ai galéré à répondre, car effectivement, j’essaye de ne pas penser à ça, de ne pas penser à cette vie rêvée, pour ne pas ressasser le vide. Et c’est ça qui m’a énervé en sortant, après coup, en fait elle m’a fait penser, et je ne sais pas comment elle n’a pas pu le voir, à tout ce que je ne pourrais jamais vivre avec S. … Voilà… super pour aller mieux… donc je suis sortie encore plus triste et sans vraiment avoir pu parler de comment faire passer ces angoisses – car au fond j’ai l’impression que y’a pas de solution à part les affronter. Elle m’a dit de rationaliser dans ces moment là, mais ces angoisses sont tellement légitimes que personne ne peut nous rassurer… J’avais aussi besoin de parler de comment gérer la période entre le transfert et le résultat, mais pareil, je n’ai pas pu en parler.

Je la revois à nouveau dans 3 semaines (son planning était blindé). Plus ou moins au moment du transfert. J’espère que cette séance là sera plus utile… Mais surtout que je la verrais avant le transfert, sinon ça va être chaud. Mais bon c’est pas moi qui vait décider de la date où il tombera !

Et en attendant je vais devoir me démerder comme je peux pour vivre cette période.

J’ai pris rdv chez l’ostéopathe lundi, pour préparer ce TEC, et j’espère que ça m’aidera à être un peu plus zen.

J’ai passée une nuit blanche à cause de ce début des hostilités, j’étais juste angoissée, je ne pensais pas vraiment a quelque chose, mais cette angoisse ne me quittait pas. La journée au boulot va être longue.

Je me suis posée la question, pourquoi autant d’angoisse ? Est ce trop tôt pour retourner en PMA ? Je ne pense pas, car je ne voudrais pas annuler. On en a parlé hier avec mon mari, il l’a dit que s’il fallait on pouvait même attendre une année encore, si j’avais besoin de ce temps pour réussir à gérer, mais je n’ai pas envie d’annuler. J’ai envie d’y aller. Et comme dit, je ne pense pas que le temps appaiserait ces angoisses – la seule solution que j’y vois est de les affronter (et les subir).

Alors on va se battre, contre vent et marée. On dirait que j’ai encore de l’énergie en réserve, je ne sais pas trop d’où je la sors. Il y a des moments où je me dis que tout aurait été plus simple si on avait fait une sortie de route en Finlande sous le choc de l’émotion. On aurait pas eu à traverser toute cette douleur. Mais notre instinct de survie a pris le dessus à ce moment-là. Peut-être que si j’ai survécu à tout ça, et bien justement c’est pour vivre : on a pas autant souffert pour abandonner maintenant. Mais putain, qu’est ce que c’est dur.

Les angoisses

C’était une chose d’être impatiente en attendant d’avoir une date pour le TEC, s’en est une autre quand on la reçoit.

J’ai reçu l’ordonnance pour le traitement deux jours après l’appel du centre. Et depuis… Et bien je galère. J’ai trouvé l’enveloppe dans ma boîte aux lettres en rentrant un soir tard, me suis couchée peu après, et ait eu une crise de panique a l’idée que ça y est, on y retourne vraiment.

Idem à midi je suis allée cherchée le traitement, et ça m’a mise mal toute la matinée.

Ça impacte mon sommeil – cette fois ce n’est plus tant des cauchemars, mais des difficultés à m’endormir et des réveils très tôt, qui me font ensuite cogiter dans mon lit et je dois me lever au bout d’un moment pour éviter de trop réfléchir et partir en crise d’angoisse.

Forcément l’appel du centre est arrivé le lendemain de la séance dernière séance psy, juste avant les fêtes, donc je ne la vois pas avant le 09/01 vu qu’elle est en vacances…

Habituellement j’arrive à gérer mes crises d’angoisses liée au deuil (notamment la peur irrationnelle qu’il m’arrive à moi ou mon mari un accident), avec des mécanismes qui doivent d’approcher de l’auto-hypnose, que j’ai développé en affrontant les échecs de la PMA puis le deuil.

Mais là ça ne fonctionne pas. Probablement parce que ces angoisses dans ce cas-là ne sont pas vraiment irrationnelles, mais bien plus ancrées dans le réel.

J’angoisse car je sais que je vais mal vivre les contrôles, l’hôpital, les échographies puis l’attente entre le transfert et le résultat. Et que je sais que cela ne s’arrêtera pas à l’issue du résultat : ce sera soit un échec cuisant que je redoute de vivre (car ce sera très difficile à vivre émotionnellement et déclanchera d’autres angoisses), soit ce sera positif et dans ce cas je serais dans l’angoisse permanente que tout s’arrête à nouveau.

Bref je n’ai pour le moment pas de solution pour les calmer, alors si vous avez des pistes…

Mais voilà c’est le prix à payer si on veut tenter d’être parents d’un enfant vivant…. Ce n’est pas le temps qui nous empêchera d’avoir ces angoisses. On est prêt, au bout d’un moment il faut oser plonger, et prendre le risque, affronter ces angoisses et avancer malgré elles. Mais c’est dur…

Traumatisme, flashback et angoisses

Je ne sais pas si tout deuil est un traumatisme. Probablement que non (je n’ai pas été traumatisée par la deuil de ma grand-mère par exemple), même si beaucoup le sont. Mais je suppose que toute perte violente et/ou soudaine l’est, et que la perte d’un enfant l’est forcément.

Et ce(s) traumatismes) laisse(nt) des traces dans le quotidien même quand la vie a repris son cours.

Cela s’est rappelé à moi dernièrement la veille de notre départ à Budapest. J’étais mal toute la journée, j’avais envie de pleurer sans raison. J’ai mis quelque temps à comprendre que c’était le traumatisme d’avoir perdu S. pendant un voyage. Et le déplacement en avion n’aide pas, car cela rappelle l’état douloureux dans lequel on était pour le vol retour. Je pense que je vais mettre longtemps à passer ce traumatisme des voyages – même si on ne va pas le laisser nous empêcher de voyager. Je suppose que plus on l’affronte, plus il s’apaise. C’était déjà plus facile à vivre que les vacances cet été.

Puis il y a le reste, qui s’insinue plus sournoisement dans le quotidien.

Des mots qui déclenchent une sensation de mal-être. Dès que quelqu’un évoque les mots deuil, mort, enfant, fils, nouveau-né, mort-né, fausse-couche, grossesse, accouchement, parents, mère, père, hôpital, Finlande, lune de miel, voyage de noces, toutes ces pubs pour jeunes parents à la TV ou à la radio, etc …

Mais aussi les discussions ou images qui provoquent des flashbacks, bien plus difficiles à gérer.

Comme une scène d’accouchement dans un film.

Comme une collègue qui parle de prise en charge à l’hôpital. Elle parle du manque d’empathie du personnel, et t’as envie de lui dire que le jour où ton cas a réussi à faire pleurer plusieurs infirmières c’était pas un victoire…

Comme ce jour où tu as des vertiges ou envie de vomir qui te rappelle un moment très difficile pendant la période des contractions…

Ou parfois simplement dans le lit quand ton esprit divague et que tu n’arrives pas à dormir.

Je me demande comment je vivrai les 1ères neiges cette année…. ça a été la tempête à partir du moment où l’on a appris la mort de S. et le moment où j’ai accouché. Alors ce sera difficile de ne pas y penser.

D’ailleurs l’hôpital c’est un gros soucis. Je ne sais pas comment je vais vivre le retour en PMA, car j’ai vraiment du mal avec cet environnement depuis. Et on ne parle même pas de devoir faire des échographies… Parfois je me dis heureusement que je n’ai pas accouché dans l’hôpital où je suis suivie en PMA, sinon je ne suis même pas sûr que j’aurai réussi à y retourner.

Puis il y a les angoisses quand tu essayes de te projeter dans une nouvelle grossesse (et que ton cerveau oublie qu’on en est loin car tu es infertile) , où tu te dis que tu seras incapable de sortir de chez toi, que tu ne te vois pas autrement que passer 9 mois à la maison, et que tu te tapes une crise d’angoisse quand ta psy te dit que pour ton bien elle ne te laissera pas t’enfermer chez toi, elle te forcera à sortir.

Pour les angoisses, je travaille dessus, même si certaines sont difficiles à s’en défaire, et que le processus sera long pour que je réussisse à nouveau à faire confiance à la vie. Malheureusement pour les flashbacks il n’y a pas grand chose à faire, à part espérer qu’avec le temps cela diminuera et s’apaisera.

Parfois certaines angoisses s’apaisent (je n’ai plus la peur irrationnelle de mourir d’un accident de la route à chaque coin de rue comme au début), mais d’autres les remplacent. Alors on continue ce long combat, pour rester debout et avancer, face à cette tempête qui diminue petit à petit en intensité, même si parfois il y a encore des rafales qui nous déstabilisent.