Je vous avais promis un article un peu plus positif qui devait venir après celui là, c’est enfin chose faite. J’ai juste mis un peu de temps à finaliser ce brouillon. Car c’est un peu la tempête dans ma tête en ce moment. Je suis partagée entre pleins d’émotions, certaines positives, d’autres moins. J’essaye de ne pas me laisser submerger. Mais c’est un peu plus compliqué que d’ordinaire vu la situation actuelle, et qui plus est je n’ai pas eu de séances avec ma psy depuis mars – ça n’aide pas (elle est à côté de mon boulot, or je suis en télétravail, je n’arrive donc pas à y aller vu ses horaires. Et la consultation par téléphone on a essayé une fois au début du confinement, mais ce n’est pas pour moi).
Pourquoi est-ce la tempête dans ma tête ? Car beaucoup trop de choses s’y bousculent en même temps. D’un côté il y a la longueur du parcours PMA, encore plus allongé en cette période, et ce TEC que l’on attend avec impatience. Puis il y a nos autres projets d’avenir, dans lequel forcément l’infertilité est aussi imbriquée.
Notre gros projet à court terme est celui d’acheter une maison, et de par la même occasion s’éloigner de la grande ville (même si on y travaillera toujours). On attend la signature du CDI de mon homme avant la fin du mois, et ensuite c’est parti pour les recherches – mais bon le marché est tendu dans le coin, alors ça risque de prendre de longs mois entre trouver la bonne maison et ne pas se la faire « piquer » par d’autres acheteurs.
Forcément ce projet nécessite de se projeter dans l’avenir, sur ce qu’on imagine pour notre vie dans les prochaines années. Pour réussir à trouver le bon compromis entre notre budget, nos envies pour la maison ainsi qu’une localisation la plus idéale possible. Concrètement, on est obligé de faire des compromis, le plus dur est de décider lequel. On essaye d’être positif et de choisir la maison qui correspondra le mieux au cadre de vie de nos potentiels enfants tant espéré, donc un village paisible et vert avec d’autres jeunes, une école digne de ce nom, une maison avec un jardin et 2 chambres d’enfants à minima. Car la version idéale et rêvée de notre avenir on la connait : une grande maison, pleins d’enfants qui jouent, une vie simple faite de nature, de ballades en forêts, de transmissions, de câlins et d’amour.
Cela implique donc de se forcer à rêver, à croire en cet avenir qui potentiellement pourrait ne jamais advenir. Avec cette peur de ne jamais avoir d’enfants, de voir une grande maison avec pleins de pièces vides nous rappeler leur absence, ne pas réussir à s’intégrer à la vie locale parmi toutes ces familles.
Pour le moment on regarde déjà un peu les annonces, et cela retourne déjà le couteau dans la plaie, entre cet avenir incertain, et se rappeler que S. ne grandira jamais dans cette potentielle maison familiale. Mais en même temps il y’a l’excitation de s’installer dans notre cocon, dans une nouvelle vie qui nous correspondra probablement mieux. C’est beaucoup d’émotions ambivalentes à gérer pour mon esprit.
Tout cela me fait envisager l’avenir différemment.
La mort de S. a clairement changé la donne sur pleins d’aspects de ma vie. On s’est toujours vu en mode famille nombreuse, 3 ou 4 enfants. Malgré la PMA et l’infertilité, je ne voudrais pas renoncer à cela dans la mesure du possible. Cependant, avec le deuil périnatal, il y a la peur de revivre une épreuve similaire, la fatigue de mon corps vis à vis des traitements et du parcours. Dans l’optique où nous aurions la chance d’avoir un enfant biologique, je ne me vois pas ensuite enchaîner les FIV encore pour agrandir la famille. Peut-être, mais vraiment peut-être, pour un 2ème enfant, mais pour un 3ème non.
Alors depuis la mort de S. j’envisage plus concrètement l’adoption quoiqu’il advienne : que l’on arrive à avoir un enfant biologique ou non. Cette réflexion commence à prendre une place plus importante dans ma tête car j’en ai marre d’être tributaire des médecins pour espérer avoir un enfant. En ce moment, avec ce J5 qui n’attend que d’être transféré, j’ai l’impression qu’on prend une partie de moi en otage. C’est une partie de nous, mais on nous y bloque l’accès… sensation bien étrange.
Puis il y a aussi la réflexion du temps qui passe, d’où est la limite avec l’acharnement. Je pense que tout le monde a une jauge de choses qu’il peut encaisser. Le deuil a considérablement fait monter cette jauge très près de notre limite. Donc en cas d’échecs, je ne me vois pas aller jusqu’à 4 FIV. Je ne me vois pas passer encore 10 ans dans ce parcours, finir par avoir recours au don d’ovocyte après 4 FIV ratés. Il y a un moment où je dirais stop et je voudrai construire ma vie d »après. Comme je le disais, j’ai besoin de vivre, tout simplement.
Avec cette prospection de maison, je me rend compte que je ne pourrais pas habiter une telle maison tout en finissant par abandonner un projet de parentalité. Je veux élever une famille, qu’importe le lien de sang avec ces futurs enfants. Alors je commence tout doucement à me renseigner concrètement sur les démarches. Je ne veux pas attendre la fin du parcours PMA pour m’y mettre, car je connais bien les délais extrêmement longs. Bien évidement je suis consciente que c’est un peu plus « facile » d’adopter quand on a pas d’enfant biologique, mais plus difficile d’adopter pour agrandir encore la famille. Mais pour le moment ce n’est pas vraiment une question qui se pose. On verra cela en tant voulu, si par miracle la PMA fonctionne.
Nous envisageons l’adoption en France ou dans le pays dont est originaire le père de mon mari. Mon mari peut d’ailleurs demander la nationalité de ce pays depuis peu car les règles ont changé récemment (avant il fallait vivre au minimum 2 ans sur place), et c’est quelque chose qui lui tient à cœur. On espère que cela facilitera un peu les choses.
Chaque chose en son temps, je ne veux pas (et ne peux pas) mener tout de front, mais je pense commencer les démarches pour l’agrément une fois que nous aurons notre maison, qu’importe où nous en serons au niveau de la PMA à ce moment là. Bien évidement j’en suis au tout début de ma réflexion sur le sujet, alors tout cela va évoluer dans ma tête avec le temps et en me renseignant concrètement sur le sujet et les démarches. Ça fait beaucoup dans mon esprit, mais c’est la 1ère fois que je commence concrètement à envisager l’adoption comme une réalité, comme notre future parentalité. C’est un long cheminement qui commence.
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