Comme beaucoup, j’ai déserté la blogosphère. Pas grand chose à dire, mais surtout un besoin impérieux de déconnecter.
Après le début du confinement, j’avais beaucoup d’angoisses, alors j’ai arrêté de lire ou regarder les infos (sauf les annonces officielles), et d’aller sur les blogs. Je me suis coupée du monde extérieur, avec pour seuls contacts quelques apéros visio avec des amis ou la famille.
Au début j’ai ressenti de la colère à l’annonce de l’annulation de notre TEC car notre centre était le 1er à fermer totalement ses portes ; puis j’ai été rassurée quand l’arrêt a été pour tout le monde (c’est égoïste, mais je n’avais plus cette impression d’injustice) ; et enfin soulagée de ne pas être enceinte à ce moment T, car vu comme j’étais angoissée, vu comme le 1er TEC m’avait angoissée, et bien je n’ose même pas imaginer comment on aurait vécu la combinaison des deux. (Bon maintenant que les angoisses se sont calmées, ça me dérange pas le bébé couette ou la reprise rapide d’un TEC, qu’on se le dise)
Pourquoi ces angoisses ? Vivant à Strasbourg, j’étais bien évidemment dans une région et une ville très touchée ; additionnez cela au fait que je sois une personne « à risque » à cause de mes soucis de santé et notamment l’asthme ; parsemez cela d’un « collègue de l’étage qui l’a attrapé, et j’ai mangé à côté de lui 1 semaine auparavant » ; saupoudrez cela avec votre traitement en rupture de stock car c’est le remède « miracle » du covid-19… (d’ailleurs merci à toutes les personnes qui se sont inquiétées pour moi et m’ont régulièrement envoyé des messages – la situation pour le Plaquenil n’est pas revenu à la normale, mais j’arrive à m’en procurer même si je dois faire quelques kilomètres et être prévoyante).
Etant une poissarde de compétition, je me suis dit que j’allais être le 1er cas français d’une mort à seulement 28 ans – bon pour le moment, je touche du bois, je ne l’ai pas eu, et personne de mon entourage proche ne l’a attrapé.
Puis même à distance la famille a réussi à me soûler, à ne parler que du covid-19 et du confinement, à se plaindre. Nos familles habitent à la campagne, ont au pire des maisons avec jardins, au mieux les champs/vignobles pas très loin en plus pour se promener – mais ils se plaignaient tous sans cesse de ne pas pouvoir faire du vélo, de devoir rester dans un rayon d’1km, de ne pas aller dans la forêt pas loin… alors que nous, en pleine ville, dans notre appart avec notre balcon, on ne se plaignait pas. On disait même qu’on se considérait comme chanceux car on a un balcon, assez de pièces pour avoir de l’intimité et que ça se passait bien entre nous… Tout n’est qu’une question de perspective il semblerait…
Je me suis dis 3 choses face aux réactions diverses des gens: on voit que les gens ne sont pas habitué à la frustration, à ce que leurs plans tombent à l’eau, à ne rien pouvoir planifier… alors que nous en PMA, c’est une des 1ère chose à accepter, de n’avoir prise sur rien, de devoir sans cesse décaler ses plans. Ton festival est annulé ? de toute façon c’était déjà compromis à cause de la PMA. Ton weekend en amoureux ? la même.
Puis on s’est dit que les gens n’avaient pas une vie trop compliquée vu des futilités dont ils se plaignaient. – bon là, la douleur du deuil parlait – quand nos mères se plaignaient de pas pouvoir voir leurs enfants, j’avais envie de leur hurler de se taire car elles au moins pourraient les revoir après tout ça (remarque injuste en soit, car elles ont été très affectées par la mort de notre fils..)
J’ai aussi eu l’impression d’avoir déjà vécut un confinement, il y’a 1 an, à la même période (ça se joue à quelques jours près, j’ai repris le travail le 18/05/19 je crois). Après la mort de S., on est resté presque cloîtré chez nous pendant 1 mois, et après on ne sortait pas beaucoup jusqu’à la fin de notre arrêt maladie (Nos familles nous faisaient les courses le 1er mois). On a vécut 2 mois H24 ensemble. Du coup c’est mitigé – je savais que j’étais parée pour vivre cette période compliquée ; mais en même temps c’est le 2ème printemps que j’ai l’impression « de perdre », de devoir rayer du calendrier – alors qu’avant tout ça, c’était ma saison période de l’année préférée.
J’ai été au chômage technique pendant 1 mois (ma boite a préféré cela plutôt que de nous demander de venir car le télétravail n’était pas possible techniquement à ce moment là. On est plutôt chanceux). Mon mari est lui en télétravail depuis le début.
Cette pause m’a fait beaucoup de bien psychiquement. Je me rends compte que le deuil et la reprise de la PMA m’avaient bien épuisée. Mais l’absence de S. est très forte en ce moment. Mon cerveau a aussi eu tout le temps libre et la tranquillité de passer en revu le traumatisme de l’accouchement et de tous les moments cauchemardesques autour – je crois qu’il en avait besoin, de ce calme pour pouvoir travailler dessus, car ces moments sont maintenant un peu moins douloureux quand j’y pense (un peu je dis bien, on part de « atroce » tout de même).
Je suis maintenant en télétravail depuis plusieurs semaines, et c’est vrai que depuis le confinement est plus dur à vivre – à nouveau peu de temps libre, puis je n’ai plus la possibilité de passer mes aprems au soleil, en extérieur (trop compliqué de tout installer sur le balcon, et en plus il fait moche depuis), je me sens donc plus enfermée qu’avant.
L’incertitude sur le retour en PMA commence à nous peser. Et la peur que si le TEC de notre dernier embryon foire, que les délais pour une nouvelle FIV soient démentiels… mais pour ça on est toute dans le même bateau.
Puis on se rapproche tout doucement de l’anniversaire de la DPA, je vois le temps qui passe, ça me fait peur. Je me dis « mon fils aurait du avoir 10 mois, et là je ne suis même pas enceinte. On aurait du être parent en 2019 (ou en 2015 si on avait été fertiles) – on ne le sera même pas en 2020″.
Mais bon, comme toujours, on a pas de prise sur les événements, alors advienne que pourra…
J’espère que vous allez toutes (et tous) bien. Prenez soins de vous.
Des bisous,
Nirnaeth
PS : et sinon j’ai commencé à jouer à Skyrim… je n’aurai pas du, je ne vais plus avoir de vie XD