J’aimerais vous dire que c’est un long fleuve tranquille cette grossesse, mais on est loin du compte. J’ai toujours su que la grossesse suivante serait difficile, mais le savoir est une chose, le vivre en est une autre.
Naïvement, lors de mon dernier RDV psy, le lendemain de l’écho T1, j’étais très optimiste, et j’ai dit que pour le moment je n’avais pas besoin de nouveau RDV, que j’avais des angoisses mais que j’avais les outils pour les gérer, bref que je n’avais plus grand chose à dire. Et qu’il fallait que j’arrête de prendre des RDVs le lendemain des échographies « au cas où ça se passe mal », effort que ma psy a félicité. Sauf que j’aurais du me rendre compte que les RDV ce n’était pas après les échos que j’en avais besoin, mais justement à distance de ces échographies.
Si ce n’était que psychologiquement que c’était difficile, peut-être que ça passerait. Même s’il faut gérer les insomnies et la fatigue qui s’accumule. Mais à cela ajoutez en plus que je fais partie des « chanceuses » qui continuent de vomir passé le 3ème mois, avec un mal d’estomac quasi continu. En général c’est des phases. Pendant environ 3 jours je ne peux presque rien manger, puis pendant 4-5 jours ça va à nouveau mieux. Et au moment où j’espère que les nausées se sont fait la malle, je vomis à nouveau au réveil. C’est éreintant.
Je perds pieds depuis une semaine, enfouie sous une montagne d’angoisses et de pensées morbides. Entre les flashback de mon accouchement, de l’annonce de la mort de S., la persuasion que ce bébé arc-en-ciel n’est peut-être plus vivant… bref vous voyez le topo. Je pensais que passer la T1 me rassurerait un peu, mais j’ai surtout l’impression d’avoir enclenché un compte à rebours jusqu’aux 19SG, terme auquel on a appris la mort de S., avec cette certitude infondée que l’histoire va se répéter. On en est à 14SG et demi.
Je suis une éponge à angoisses, je crois d’ailleurs que je vais me tenir éloignée des articles de la blogosphère PMA et des comptes insta sur le deuil périnatal, car chaque histoire qui tourne mal que je lis nourris mon imaginaire, et après je suis persuadée que cela va m’arriver. Je commence à avoir du mal à sortir seule de chez moi, avec cette sourde impression que quelque chose de négatif va m’arriver, et comme mon mari est aussi stressé quand je suis seule, il alimente cette angoisse et la fait gonfler. Parfois je lutte et sors seule (pour la pharmacie, pour un RDV), parfois je n’ai pas la force et il devient mon chauffeur attitré.
Je sais que le manque de sommeil (je dois dormir 3-4h par nuit) n’aide vraiment pas pour gérer mes émotions. Heureusement, ma psy ce matin a pu me proposer un RDV demain grâce à une annulation. Je vais probablement lui demander un arrêt maladie, le temps de reprendre mon souffle. Mercredi la semaine prochaine on a notre RDV gynéco, alors j’espère que cela m’apaisera aussi un peu à nouveau.
Voilà, j’avais besoin de poser mes mots quelques parts, alors comme toujours je le fais ici, même si je sais qu’il n’y a pas grand chose à dire en retour.