Dans la salle d’attente

Je vous avais indiqué il y a quelques mois que nous avions repris contact avec notre centre PMA. On tablait sur un début pas avant décembre. Et bien contre toute attente les délais ne sont pas aussi long qu’on m’avait annoncé (et même plus court qu’avant je crois pour une ponction).

On repart donc pour un tour début septembre… Gros coup de stress !

See you soon…

Jean-Christophe

Cela fait déjà quelques temps que cette rencontre me trotte dans la tête, alors je me décide enfin à la partager avec vous.

C’était l’hiver dernier, peu de temps avant ma reprise au travail. J’avais pris l’habitude d’aller dans la petite ville d’à côté faire mon marché le vendredi matin, H. emmitouflé tout contre moi en portage.

Un bébé tout mignon blotti contre sa maman, ça fait tourner les têtes, jamais autant de gens m’ont parlé, pour le complimenter ! Les bébés ça tisse du lien instantanément.

Et puis alors que j’attend a un stand bien plein, une dame d’environ 70 ans, que j’avais déjà croisé, probablement psychotique, qui vient parler avec tout le monde car surtout elle semble venir au marché pour surmonter une grande solitude.

Elle m’aborde pour complimenter H, et me raconte qu’elle adore les bébés, elle a travaillé dans une nurserie en maternité pendant longtemps. Elle me raconte pleins de choses, me demande aussi d’où je viens, commente mon voisinage car elle semble connaître tout le monde.

Et puis, on en revient aux bébés. Et là elle me dit au détour d’une phrase , plus ou moins ces mots, la voix empreinte d’émotion :

Vous savez, moi aussi j’ai eu un bébé. Mais il a quitté mon ventre à 5 mois de grossesse. Peut-être que mon corps était trop nul, il n’a pas su garder mon bébé. C’était un garçon. Si j’avais pu lui donner un prénom il se serait appelé Jean-Christophe. Je n’ai même pas eu le droit de le voir. On nous disait que c’était mieux ainsi. Mais moi j’aurais voulu le serrer dans mes bras. Vous savez, je pense tous les jours à lui malgré les années.

Vous imaginez bien mon émotion face à cette histoire qui résonnait en moi. Et je m’en veux, car j’étais tellement émue que je n’ai pas réussi à lui dire « je vous comprends, j’ai vécu une histoire similaire à la vôtre, à 5 mois, et je n’ai jamais su ce qui m’avait enlevé mon premier bébé ».

J’ai aussi été en colère contre ces gens de l’époque, qui essayaient d’effacer le bébé, en interdisant aux parents de le voir, et cette non-possibilité de les nommer alors que le prénom était déjà choisi. Et attristé de la culpabilité de cette femme vis à vis de son corps tant d’années après – personne n’a cherché à savoir pourquoi son enfant était décédé dans son ventre.

Nous avons tout de même fait du chemin dans la reconnaissance du deuil périnatal ces dernières années, même si la société essaye toujours d’éviter ce sujet douloureux .

Et surtout cette dame a répondu à une question dont la réponse me semblait probable : on oublie jamais nos enfants décédés trop tôt, ils resteront à jamais dans nos pensées. On apprendra à vivre avec cette douleur sourde et ce manque viscéral, animal, de notre enfant. Mais on ne les oubliera jamais.

Alors je dédie cet article à Jean-Christophe et tous ces bébés tant aimés mais partis trop tôt, qui n’ont pas pu être nommés par leurs parents. On ne vous oublie pas ❤️

Les rechutes

Elles me prennent toujours au dépourvue ces rechutes dans le deuil.

Tu vas bien et un matin tu te lèves, ça ne va pas. Ça continue quelques jours. Puis tu te rends compte que c’est bientôt « l’anniversaire » de ta DPA, ton fils aurait fêté ses 3 ans dans un monde parallèle heureux. D’ailleurs, un an auparavant tu as vécu plus ou moins la même chose à l’approche de cette date.

Tu vas bien, des gens parlent de la rentrée scolaire, et bim. Ton fils aurait dû rentrer en maternelle en septembre, tu sais déjà que désormais cette période sera aussi compliqué.

Tu vas bien, et tu te dis « tiens ça fait longtemps que j’ai pas écouté ce groupe, je me demande pourquoi ». Tu l’écoutes et tu te souviens, c’est un trigger, tu l’écoutais en boucle pendant ta grossesse. Immédiatement la chappe de tristesse.

Tu vas bien, en vacances entrain de siroter ta bière le soir sur la terrasse, et là tu te découvre un nouveau trigger : ton mari te dis « ah dans ces moments là ça me donne envie de fumer de nouveau, c’était des bons moments ». Tu découvres que ton cerveau, quand on te parle de ton mari qui fume, et qu’il associe ça a des bons moments (l’addiction ne traine jamais très loin) ça te rappelle les pires jours de ta vie. Le jour fatidique, en Finlande, il avait oublié sa cigarette électronique, il était invivable toute la journée (avant qu’on doive se rendre à l’hôpital). Puis tu as aussi des flashback de lui qui vapote par la fenêtre de la chambre d’hôpital en douce, pour ne pas te laisser seule un seul instant . Et forcément ça mène à d’autres flashback de ce séjour à l’hôpital.

C’est difficile de gérer ces moments là, surtout les trigger liés au syndrome de stress post-traumatique. Certes il y en a moins avec le temps (et surtout j’ai été forcé d’en régler un grand nombre avec la grossesse et la naissance de H.)

J’appréhende le retour en PMA car j’ai énormément de mal avec les hôpitaux désormais. Et forcement se dire qu’on retourne dedans ça retourne pas mal de chose.

On ne va pas se mentir, avoir un enfant vivant après, ça permet d’apaiser pas mal de blessures, ça aide à cicatriser un peu plus vite . Mais ça ne fait pas non plus des miracles. Et par moment ça ne faut que souligner l’absence de ce premier enfant.

C’est aussi la particularité du deuil périnatal associé à la PMA. Les embryons qui ont donné S. et H. sont issues de la même ponction. Ce n’est que le hasard qui a fait que les transferts se soient passés dans cet ordre. Souvent cela console certains parents au parcours « classique » de se dire « si x était là, y n’aurait pas été là ». Sauf que dans mon cas ce qui est dur pour l’esprit c’est que, même si S. avait été là, H. serait aussi là. Il ne serait peut-être pas né au même moment (et encore ce ne serait pas non plus improbable) et nous serions des parents différents. Mais ce serait bien lui, avec les mêmes gènes. Ils auraient pu grandir ensemble dans un monde heureux.

Voila, je sais que le deuil n’est pas linéaire, qu’il y a des rechutes, mais elles s’espacent heureusement. Dans ces moments là je mesure encore plus la chance que H. soit là, et je n’ai qu’une hâte, le chercher chez la nounou ce soir et le serrée fort dans mes bras.

Je vous laisse avec ces deux illustrations du compte Instagram @a_nos_etoiles qui parlent toujours avec justesse du deuil périnatal.

Dernière ligne droite

Voilà, je viens de terminer une grosse suite de RDV qui annoncent que nous sommes dans la dernière ligne droite.

Lundi dernier c’était le RDV du 9ème mois / pré-admission à la maternité, mercredi RDV avec l’anesthésiste, et jeudi dernier RDV avec mon gynéco.

Pour un peu pimenter ce dernier mois, j’ai le droit à un peu d’insuline rapide pour le repas du soir depuis la semaine dernière. En effet, mon diabète a décidé de se déregler pour la fin, je ne fais pas partie des chanceuses chez qui il y a une accalmie. Ca ne m’avait pas manqué les piqures, mais bon c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas ! puis un stylo prérempli c’est la version pour débutant ! (et ça fait étonnamment moins mal que de prendre ces glycémies. Enfin ça ne fait même pas du tout mal). 5 unités d’insuline semblent suffire pour stabiliser la situation, c’est déjà ça.

Pour ce dernier mois, au programme : un monitoring par semaine. Pas de déclenchement car mon diabète était bien geré et que par régime jusqu’à maintenant. Le bébé est dans la moyenne (estimé à environ 3,5kg à terme), et niveau liquide amniotique on est bon. Heureusement que j’ai choisi la maternité publique, car dans celle de mon gynéco, j’aurais été déclenchée à 39SA à cause du diabète. Mon gynéco m’a juste dit « si jamais votre diabète part totalement en cacahuète, demandez un déclenchement car ça n’a pas de sens de devoir mettre de l’insuline à outrance à ce stade, mieux vaut faire sortir le bébé », mais heureusement la petite dose d’insuline suffit pour le moment. Par contre avec la maternité j’ai négocié un RDV à 40SA (pour ne pas attendre le jour du terme), pour faire le point si le bébé n’était pas encore sorti de lui-même. Car même si je ne voudrais pas être déclenchée (j’ai peur que ça me rappelle trop de souvenir de mon 1er accouchement), je ne veux absolument pas dépasser le terme (le risque de mort in utero augmente après dépassement du terme, alors je ne veux pas prendre ce risque !!!)

Physiquement ça va, je ne m’en sors pas trop mal. Je n’ai pas l’impression d’être une baleine échouée. Je dors juste très mal car j’ai mal un peu partout dans mon lit, et parait que je ronfle (mais c’est pas mon problème ça ^^).

Il y a un moment où les angoisses que ça se passe mal ont été supplantées par la panique de ne rien avoir pour le bébé. Ce qui m’a permis d’enfin oser me projeter et faire des achats. Mais j’ai du prendre sur moi et faire un peu ces préparatifs toute seule, ce qui a été dur par moment, jusqu’à ce que je me fasse une raison. Car avec la crise sanitaire, les travaux de la maison ont trainé en longueur (puis quand on a acheté, on ne s’attendait pas à ce que je sois enceinte juste après, et donc qu’on aurait plus de travaux à faire dans un timing serré, sans que je puisse aider, et avec beaucoup moins d’aide que prévu). Bref, depuis novembre mon mari passe son temps libre à faire des travaux, donc il a eu du mal à trouver du temps pour participer aux préparatifs, et surtout il est passé à 1 doigt du burn out. Il est très impliqué dans tout ce qui est RDV et ateliers de préparation à la naissance, mais de ce qui est recherches pour savoir quoi acheter… Beaucoup de pressions sur mes épaules à faire beaucoup de choix seule. Je dois bien avouer que le stress de cette grossesse et du contexte autour a un peu mis à mal notre couple par moment. (Je reviendrai là dessus plus tard, quand je pourrais faire un « bilan » de cette grossesse arc-en-ciel). Et je sais que l’arrivée du bébé ne facilitera pas les choses. Ca me fait un peu peur je dois bien avouer.

Toujours est-il que ce weekend, à 37SA, les travaux minimum ont enfin été fini. Mon mari va pouvoir avoir un mini-répit (on croise les doigts pour que le bébé nous laisse 1 ou 2 semaines). On a tout ce qu’il faut, il faut juste qu’on déménage le bordel de la chambre du bébé dans le bureau pour pouvoir monter les 2-3 meubles ce weekend (et on rénovera la chambre cet été, pendant les vacances, on aura pas pu le faire avant. Mais je vous rassure, elle est très bien, de base on ne comptait pas la refaire si c’était resté une chambre d’ami. De toute façon, pour le moment ce sera lit de cododo dans notre chambre). Donc on croise les doigts pour que le bébé ne pointe pas le bout de son nez cette semaine, histoire que tout soit prêt quand il arrivera.

Sur ce je vous laisse, il faut que je finalise la dernière chose importante que je repousse depuis ce weekend : faire ma valise pour la maternité…

Et à partir du weekend prochain, quand tout sera ok dans la maison, je commencerais à tester les techniques pour faire sortir le bébé, pour ne pas arriver à 40 SA ^^

2 ans

Il y a 2 ans, je vivais la pire épreuve de ma vie.

Il y a 2 ans, j’accouchais de mon fils sans vie.

Il y a 2 ans, au lieu de porter et donner la vie, je portais et délivrais la mort.

Cette blessure particulière reste gravée dans ma chair, et c’est une grosse étape que je vais devoir affronter. Accepter qu’un accouchement puisse être un événement heureux. Les flash-backs de cet événement traumatisant sont nombreux quand on aborde le sujet. Pas plus aujourd’hui qu’un autre jour. Une partie du deuil que j’avais enfermé à double-tour dans un coin sombre de ma tête et que je ne voulais affronter. Mais forcément à presque 7 mois de grossesse, difficile de ne pas accepter la confrontation.

Difficile de décrire comment je vis cette journée cette année. Certes déjà mieux que l’an dernier, 1er anniversaire et jour où j’apprenais que mon centre PMA fermait et que mon TEC était annulé. Mais c’est tellement ambivalent de vivre cette journée en étant enceinte. Il y’a les grosses angoisses irrationnelles que quelque chose se passe mal aujourd’hui pour la grossesse en cours. La culpabilité de faire ressentir cette tristesse à cette vie qui grandit. La culpabilité de ne pas penser que à S. aujourd’hui. La difficulté de réussir à faire une place à ces deux enfants en ce jour. Avec un petit arc-en-ciel qui fait une grosse java depuis cette nuit, pour bien rappeler qu’il est là et qu’il est en pleine forme.

Il y a aussi la culpabilité de ne pas être allé sur la tombe de S. depuis des mois à cause de la grossesse (1h de route, dans la forêt dans un endroit un peu escarpé donc un peu risqué de s’y rendre enceinte). Alors que j’aurai besoin de me recueillir auprès de lui, aujourd’hui encore plus qu’un autre jour. J’ai beau ne pas être croyante et être terre à terre, si malgré tout il reste une part de lui quelque part, j’espère qu’il ne m’en veut pas, et qu’il sait qu’on ne l’oublie pas, qu’on ne le remplace pas, et qu’on viendra le voir avec son petit-frère dès que possible.

Il y’a 2 ans, je rencontrais fugacement mon fils pour la première et dernière fois. J’osais à peine le regarder, je me souviens avoir été étonné parce qu’il avait déjà tous les traits de visage d’un bébé normal mais juste en plus petit. Quelques minutes seulement pour le voir, ce n’est rien à l’échelle d’une vie, et c’est difficile de ne plus se souvenir de ses traits. (En Finlande, ils ne prenaient pas de photo, nous avons juste l’empreinte d’un de ses pieds. C’est déjà ça.)

2 ans déjà…

Aujourd’hui encore plus que tout autre jour, je pense fort à toi S., si tu savais comme je t’aime et comme tu me manques affreusement ❤

4 mois – 17 SG

Ca y est, nous sommes officiellement rentrés dans le cinquième mois ce samedi. On arrive dans la période que nous redoutons le plus, le terme auquel S. nous a quitté. Même si cette grossesse est bien différente de la 1ère, je suis à la fois terrifiée d’arriver à cette date, mais en même temps j’ai hâte de la dépasser. S. est mort au courant de la dix-neuvième semaine de grossesse. Nous avions eu un RDV à 18SG+1, où tout allait pour le mieux. Nous avons appris que son cœur avait cessé de battre depuis quelques jours à 19SG+1. Nous atteindrons donc ce terme pile pour noël, en plein déménagement pour rajouter plein de stress.

Notre adorable gynéco nous a planifié une écho intermédiaire ce vendredi (seulement 2 semaines après la dernière), car il ne voulait pas qu’on attende janvier et la T2, il savait bien que c’était trop long, surtout vu la période ! Dans ma tête d’ailleurs cette écho T2 est un peu « l’objectif » à atteindre, un cap à passer, car la dernière fois nous avions donc du l’annuler. Même si j’ai aussi extrêmement peur qu’on découvre une anomalie à ce moment là.

Pourtant j’ai l’impression que ce petit arc-en-ciel essaye de me rassurer sur sa présence. Entre les nausées et vomissements qui m’ont forcé à prendre conscience que j’étais enceinte quand j’étais un peu dans le dénis (d’ailleurs, les nausées sont toujours là, MAIS je ne vomis plus qu’une fois par semaine, youhou – le prochain qui me dis « nan mais au 2nd trimestre tu verras, c’est la lune de miel », je le défonce… les gens refusent d’entendre que non ce n’est pas forcément le cas, et que non je suis déjà au 2nd trimestre et je ne me marre toujours pas ! bref petite disgression face aux RALC que je me prends). Je disais donc que petit arc-en-ciel montre sa présence. Et j’ai donc eu la surprise de sentir son 1er coup à seulement 14SG (3 mois et 1 semaine) ! Je n’osais pas y croire, je me disais que je me faisais des films, sauf que les jours suivants, ça arrive de nouveau (ça m’a un peu rassuré avant l’écho). Je n’ose pas trop y croire, ça me parait tôt (j’ai commencé à sentir S. à environ 16-17SG), je me dis que je surinterprète, j’ai perdu la confiance en mes sensations et mon corps avec la grossesse précédente (culpabilité de ne pas avoir su que S. était mort, d’avoir cru continuer à le sentir alors que c’était déjà trop tard). On arrive donc à l’écho il y’a 2 semaines, il va bien et bouge dans tous les sens, et là à un moment je le vois donner 3 coups de pied à la suite et je les ressens – plus aucun doute !

Depuis je le sens de plus en plus fréquemment, maintenant tous les jours, et il fait parfois une belle java. Mais plutôt le soir, ce qui me donne bien évidement des crises d’angoisses quand je ne le sens pas bouger de la matinée alors que j’ai mangé des choses sucrées. Ou quand certains jours il est plutôt calme alors que la vieille c’était la fête. Il va falloir que j’apprenne à maitriser cette peur, même si elle est normale vu notre histoire.

Le quotidien reste encore compliqué, car qui dit angoisses dit insomnies – avec 3-4h de sommeil par nuit seulement, je suis loin d’être rayonnante. J’ai eu un arrêt de 2 semaines pour me reposer un peu, et là c’était 2semaines de boulot avant les vacances de noël vendredi soir. J’espère que le sommeil reviendra une fois cette période stressante passée.

Nous commençons à y croire un peu, à parler des mois prochains (même si on ne parle pas encore de « après »), forcément avec mon ventre qui ne peut plus être nié, et ce petit être qui bouge en moi. Une sensation douce-amère : on arrive à éprouver un peu d’allégresse par moment, mais elle nous terrifie car nous avons peur de chuter à nouveau. On s’est forcé un peu à évoquer les prénoms après la dernière écho, ça nous a fait du bien malgré la peur. Je me suis aussi enfin décidé à commander des t-shirts de grossesses, une grosse étape pour moi.

On avance donc petit à petit, naviguant entre les angoisses et les espoirs, en espérant de tout notre cœur que tout se passe bien. Nous espérons aussi qu’une fois franchis le cap des 19 semaines, cela devienne un peu plus facile à vivre au quotidien, même si les peurs ne nous quitterons certainement pas avant d’avoir un enfant qui va bien dans nos bras.

Ce que je ne vous ai jamais dit sur le deuil périnatal

Il y a beaucoup de choses que j’ai gardé pour moi, même si au fil des mois je me suis suivant exprimé ici. Certaines choses ont d’ailleurs pu transparaître. Le temps du choc est désormais bien derrière, alors je ressens le courage de vous parler de tout cela, de me mettre à nue. Pour celles qui passeraient par ici car elles traversent la même épreuves, qui se reconnaîtrons peut-être dans ces mots. Et pour les autres qui auront le courage de le lire, de comprendre un peu mieux ce qu’on traverse par moment.

Je vais surtout vous raconter mon vécu dans les semaines qui ont suivies la perte de S. C’est une sorte de retour en arrière sur pleins de petits événements, difficultés, passages, etc… de cette période-là. D’aspects divers dont on ne parle par forcément en général. Ce sera un peu décousu.


 

Une fois rentrée de l’hôpital, j’ai été incapable de prendre une douche pendant plus d’une semaine. C’était uniquement en mode « toilette de chat » pour ne pas risquer d’infection gynécologique. C’était une torture de me changer, de me déshabiller, et je n’ai mis que des joggings et t-shirts informes (ceux de mon mari enfait) pendant plus d’un mois.

Puis quand j’ai réussi à prendre une douche, j’étais incapable de toucher mon ventre. Il m’a encore fallut plusieurs jours voir semaine pour y arriver, dans les larmes à chaque fois. J’ai aussi eu beaucoup de mal avec ma poitrine. J’avais pris 2 tailles avec la grossesse, ma poitrine était extrêmement lourde et dense (j’étais passée au 100F…). Tout cela a disparut en une journée, c’était très difficile à accepter. De plus, mon corps a gardé des traces de cette grossesse : mon ventre est moins ferme, ma poitrine plus tombante … encore plus difficile à accepter quand on subit ces changements alors qu’on aura même pas d’enfant vivant.

 

Si entre le moment où j’ai appris la mort de S. et l’accouchement j’ai très peu mangé (le strict nécessaire pour ne pas m’évanouir), une fois l’accouchement passé, à ma propre surprise j’ai mangé l’intégralité de tout ce que m’apportait à l’hôpital. J’étais affamée – je pense que mon corps était à bout et avait besoin de forces (et étonnamment la nourriture d’hôpital en Finlande était bonne) – d’ailleurs je culpabilisais d’avoir envie de manger, mais c’était une sensation vraiment physiologique.

 

Pendant plus d’un mois, j’étais incapable de quitter mon mari. On faisait des crises d’angoisses quand on était pas ensemble dans le même lieu. (On pouvait être dans une pièce différente tout de même). Par la suite les crises d’angoisses ont continué. C’était le sentiment d’imminence d’une catastrophe. Dès que j’étais dans la rue par exemple, je me disais qu’une voiture allait me renverser, que j’allais chuter à vélo, etc… Si mon mari n’était pas là pile à l’heure je me disais qu’il s’était passé quelque chose. J’étais convaincu qu’on allait diagnostiquer une maladie horrible à l’un de nous deux et qu’un de nous allait mourir, etc… Vous imaginez le genre. Ça s’est calmé depuis, mais je suis tout de même beaucoup plus angoissée qu’auparavant, car cette impression que rien ne se passe jamais bien ne s’arrête jamais dans notre vie, et la vie ne cesse de nous en donner des confirmations régulières.

 

Au début on était incapable d’être seuls, de nous occuper de nous même, alors on a demandé à nos familles de venir. Ma belle-mère a passé une semaine chez nous, à tout faire (sinon je crois qu’on aurait pas mangé). Puis nos parents et nos frères et sœurs se sont relayés encore les deux semaines suivantes pour qu’on ne soit jamais seuls un jour entier (je précise qu’ils habitent tous à environ 1h15 de chez nous). Ensuite ça s’est espacé. Au bout d’un mois environ par contre ça a été le contraire, on a eu besoin de retrouver notre intimité, d’être « seuls à 2 » et au contraire on a passé beaucoup moins de temps avec la famille. On leur a donc demandé de nous laisser plus d’espace. Mais ils nous appelaient très régulièrement.

 

Actuellement j’ai toujours beaucoup de mal d’assister à des événements avec beaucoup de monde, des fêtes, des grands repas. Je les fuis, je ne fête aucun anniversaire si ce n’est pas en groupe très restreint. Le mariage de ma sœur en août va d’ailleurs être une épreuve à laquelle je ne peux échapper (je suis témoin…). Nous fuyons aussi les enfants. J’ai revu mon neveu de 7 ans pour la 1e fois il y’a moins d’un mois, car c’est la 1e fois que je m’en sentais capable.

 

La sexualité après la mort d’un enfant in-utero –  on parle étrangement très peu. Pourtant, on peut bien imaginer que ça va être complexe. Entre notre propre rapport au corps et celui de notre mari… Quand on arrive même pas à se regarder soi-même nue dans le miroir, vous imaginez qu’on a pas envie que notre mari nous regarde, de voir sa tristesse face à ce corps à nouveau changé. On ne supporte pas tous les deux de toucher ce ventre. Ensuite il faut accepter d’avoir du désir et de prendre du plaisir, ce n’est déjà pas simple. A cela s’ajoute les pensées plus sombres, surtout avant la « première » fois d’après la mort. Où l’on se dit « la dernière chose qui est passé par mon vagin, c’est mon fils mort ». Où l’on repense aux dernières fois si tendres, quand tout allait bien. Forcément on a plein de flash-back de ces moments, difficile de se concentrer sur l’instant présent. Je ne me souviens plus exactement combien de temps on a mis pour se retrouver. Je dirais environ 1 mois. On en parlait ensemble du fait qu’on appréhendait. Même si ça s’est fait très naturellement au final.

Le paradoxe c’est que parfois le corps a envie (notamment avec la baisse de la progestérone – ma libido et les sensations étaient au plus bas pendant la grossesse à cause de celle-ci qui était haute, alors quand les taux sont redevenus normaux, mon corps était au taquet) mais notre esprit ne veut pas, et il faut l’écouter. Au final on va aussi rechercher des choses différentes dans ces rapports, plus de douceur, de connexion, de tendresse, que de la jouissance.

On a mis de long mois pour retrouver une sexualité épanouissante (qui l’est d’ailleurs plus qu’avant, car la PMA avait déjà bien  tout bousillé), et on ne va pas se mentir il a fallut y travailler activement pour réussir à la réinventer (article protégé publié  à ce sujet en décembre, pour celles qui ne l’avaient pas lu, vous pouvez me demander le mot de passe par mail, comme toujours). Cette reconnexion est aussi passée aussi par une phase de plaisirs solitaires, pour réussir à se réapproprier et ré-apprivoiser son corps.

 

 

On passe aux côtés les plus sombres (et je finirais sur une touche plus « positive).

 

Les pensées suicidaires – j’imagine que tout parent endeuillé en a. Quand on apprend que son enfant est mort et qu’on va devoir accoucher, c’est un miracle en soit de ne pas se foutre en l’air quand on est tout seul pour affronter cette horreur. Ces pensées s’estompent dans le temps. Au début, face à la douleur, elles sont omniprésentes. On veut cesser d’avoir mal, on se rend compte que cette douleur ne cessera jamais vraiment, or on ne veut pas supporter autant de douleur toute sa vie. On s’en sent incapable. Je crois que pendant les premières semaines, la seule chose qui m’a fait tenir, c’était de ne pas vouloir infliger ça à mon mari – et vice-versa. Si l’un de nous avait verbalisé l’idée d’un suicide commun pour contourner la problématique… Mais l’instinct de survie probablement nous a empêché de donner l’idée à voix haute.

Ces pensées s’estompent dans le temps, s’espacent, mais ce serait vous mentir de dire que les jours noirs je n’en ai pas. Car c’est usant de vivre ces épreuves. Même si je vous rassure, avoir ces idées ne veut pas du tout dire qu’on est prêt de passer à l’acte. C’est juste une fulgurance dans l’esprit qui dit « ce serait tellement plus facile »; puis on se rappelle qu’on a toujours l’espoir de bonheurs à venir et on se raccroche à la perspective de jours plus heureux pour avancer malgré la douleur. Et en parallèle on arrive à vivre des vrais moment de bonheurs, il y a des jours où on arrive à être pleinement heureux.

 

Quand on lit des blogs ou des comptes insta qui parlent de deuil périnatal, je lis tellement souvent « la rencontre a été un  moment magique, je garde un très beau souvenir de mon accouchement malgré le contexte, les moments passés avec mon bébé dans mes bras reste un de mes plus beaux souvenirs malgré tout ». Je lis ça tellement souvent que j’ai l’impression d’être un OVNI. Pourtant je ne pense pas être la seule qui n’a PAS DU TOUT VÉCU CA. Tant mieux pour toutes ces personne, mais qu’on soit clair, mon accouchement c’est le pire moment de toute ma vie, même pire que l’annonce de la mort. C’est un traumatisme horrible qui m’a hanté des jours et des nuits. Cela fait très peu de temps que quand j’y pense je ne suis plus totalement plongée dans le trauma. Et non, quand j’ai « rencontré » mon fils mort c’était horriblement dur. On a été incapable de le prendre dans nos bras, au début on l’a regardé seulement furtivement. Puis quelques minutes après on a réussi à le regarder un peu plus (mais ça n’a pas duré très longtemps tellement c’était dur). J’ai juste réussi à poser ma main sur la couverture qui l’entourait pour lui dire au revoir et l’appeler par son prénom pour une unique fois. Alors oui maintenant avec le recul, je me dis que j’aurais du le prendre dans mes bras, le regarder plus longtemps, pour que son image précise s’efface moins rapidement de ma mémoire. Mais bon, on a fait du mieux qu’on pouvait dans cette situation, on était incapable de plus, alors les regrets cela ne sert à rien. Ce n’était pas un moment « doux » à vivre, pas pour nous, et ces images ont aussi été très longtemps traumatiques.

 

J’aborde maintenant la partie probablement la plus difficile à oser partager, car la culpabilité n’est pas très loin quand on a ces pensées. Idem, les gens ne partagent que le positifs j’ai l’impression, alors celles qui ressentent des choses moins « avouables » gardent cela pour elles. Je lis souvent « Malgré la peine d’avoir perdu mon enfant, je ne regrette rien, et si je devais recommencer en sachant la fin, et bien je le ferais quand même pour ces précieux moments vécut avec lui« . Et bien non, je ne vis pas les choses comme cela. J’aime mon fils de tout mon cœur, il me manque à en crever et je ne pense pas me remettre un jour totalement de cette perte. MAIS sachant le dénouement, si c’était à refaire, et bien non je ne le referai pas. Oui, j’aurai préféré que cette grossesse n’ait jamais eu lieu. Ces quelques mois dans mon ventre ne valent pas la peine immense qui en découle maintenant à l’infini. Voilà, c’est extrêmement difficile d’écrire ça, mais je suis persuadée que d’autres personnes le vivent aussi comme cela. Et ce n’est pas grave, ce n’est pas une trahison, et de toute façon on ne refera pas le passé, alors notre enfant sera de toute les manière à jamais dans notre cœur. On a le droit de penser cela, c’est humain face à la peine qui nous accable, cela ne veut pas dire pour autant que l’on aime pas notre enfant, bien au contraire.

 

 

Je finirai par un partage plus positif. Il y a aussi des choses qui m’ont fait du bien, des pistes qui peuvent aider celles qui traversent cette épreuve depuis peu. Je les ai probablement un peu évoqué au fil de l’eau.

 

Le sport a été une vraie bouée de sauvetage – à la maison d’abord, car il me permettait d’évacuer ma peine, en général je craquais et pleurais des torrents, puis continuait ma séance de vélo elliptique (tout en pleurant), et ça me faisait un bien fou. Puis on s’est acheté un punching-ball, pour évacuer notre colère. C’est génial de pouvoir taper sur quelque chose, ça fait un bien fou, et ça aide à décolérer. Je l’utilise encore maintenant les jours où ça ne va pas. C’est un petit investissement qui en vaut vraiment la peine, je vous recommande à toutes, même celles « juste » en PMA, d’y avoir recours.

J’ai aussi eu un grand besoin de nature, de choses simples pour me sentir vivante. Marcher sous la pluie. Sentir le vent sur mon visage. Ecouter les oiseaux. Regarder les papillons. Admirer un lac ou la mer. Passer des heures blottis l’un contre l’autre avec mon mari. Marcher en forêt main dans la main. Prendre de grandes inspirations d’air frais. Vivre une vie plus lente.

 

Voir un psy, en couple et seule. C’est absolument nécessaire je pense. Ne rester pas seule chez vous, ne garder pas tout ça. Bien-sûr c’est vraiment très bien de ne pas faire un tabou de cet enfant, de parler de vos émotions à votre entourage. Mais il y ‘a certaines choses que vous n’oserez pas aborder, ou vous en aurez marre de lire leur pitié, leur tristesse. Nous avons été voir la psychologue qui est dans notre centre PMA/maternité, dès qu’on est revenu en France (donc 3 jours après), qui connaissait bien le deuil périnatal. Elle nous a parlé de plusieurs associations, elle organisait des groupes de paroles ; elle nous a aussi mis en contact avec d’autres personnes de l’hôpital pour nous aider dans nos démarches qui était compliquées (sage-femme qui nous a aidé pour l’Etat-Civil et nous a décroché une aide financière pour en partie financer les 1000€ pour rapatrier l’urne; mise en lien avec une ostéopathe pour « remettre mon corps en ordre »). Elle a donc été d’une aide précieuse sur plusieurs aspects.

Nous avions donc des sessions de 1h en couple, 1x/semaine pendant 2 mois. Et c’était vraiment une bonne chose, car ça nous aidait à exprimer notre ressenti, à dire toutes nos émotions à l’autre avec une personne extérieur pour nous aider. A parler aussi de nos peurs vis à vis de notre couple (mon mari était terrifié que le deuil nous sépare, il avait peur de me perdre aussi). Bref consulter en couple nous a fait beaucoup de bien pour garder la communication, comprendre l’autre, mais savoir qu’on avait un moment spécifique pour parler de ça ensemble.

On est aussi allé tous les deux consulter de notre côté les psychiatres qu’on avait déjà vu quand ça n’allait pas en PMA. Au début j’y allais 1x/semaine, et ça ne me semblait pas assez. Au bout de 6 mois j’ai espacé à 1x toutes les 2 semaines. Récemment c’est plutôt 1x/mois, sauf avec la reprise de la PMA où son soutient était plus que nécessaire vu comme j’étais angoissée. Avec le Covid-19, je ne l’ai malheureusement plus vu depuis mars (et ça me pèse par moment).

 

Plus globalement, j’aurais deux comptes intagram à vous conseiller. Le premier est un compte qui m’a beaucoup aidé ces derniers mois.

Le compte instagram à découvrir absolument, que vous même ou un proche soyez endeuillé par la perte d’un enfant, ou tout simplement que vous vouliez un peu mieux comprendre ce que ces parents vivent : @a_nos_etoiles

Et celui d’une illustratrice qui fait énormément pour le travail de mémoire des parents endeuillés : @korriganne.illustration

 

 

Voilà, un article bien long, par forcément évident à lire je m’en doute bien – mais cela me tenais à cœur de partager toutes ces petites choses dont il est difficile de parler autrement.

La tempête dans ma tête

Je vous avais promis un article un peu plus positif qui devait venir après celui , c’est enfin chose faite. J’ai juste mis un peu de temps à finaliser ce brouillon. Car c’est un peu la tempête dans ma tête en ce moment. Je suis partagée entre pleins d’émotions, certaines positives, d’autres moins. J’essaye de ne pas me laisser submerger. Mais c’est un peu plus compliqué que d’ordinaire vu la situation actuelle, et qui plus est je n’ai pas eu de séances avec ma psy depuis mars – ça n’aide pas (elle est à côté de mon boulot, or je suis en télétravail, je n’arrive donc pas à y aller vu ses horaires. Et la consultation par téléphone on a essayé une fois au début du confinement, mais ce n’est pas pour moi).

Pourquoi est-ce la tempête dans ma tête ? Car beaucoup trop de choses s’y bousculent en même temps. D’un côté il y a la longueur du parcours PMA, encore plus allongé en cette période, et ce TEC que l’on attend avec impatience. Puis il y a nos autres projets d’avenir, dans lequel forcément l’infertilité est aussi imbriquée.

Notre gros projet à court terme est celui d’acheter une maison, et de par la même occasion s’éloigner de la grande ville (même si on y travaillera toujours). On attend la signature du CDI de mon homme avant la fin du mois, et ensuite c’est parti pour les recherches – mais bon le marché est tendu dans le coin, alors ça risque de prendre de longs mois entre trouver la bonne maison et ne pas se la faire « piquer » par d’autres acheteurs.

Forcément ce projet nécessite de se projeter dans l’avenir, sur ce qu’on imagine pour notre vie dans les prochaines années. Pour réussir à trouver le bon compromis entre notre budget, nos envies pour la maison ainsi qu’une localisation la plus idéale possible. Concrètement, on est obligé de faire des compromis, le plus dur est de décider lequel.  On essaye d’être positif et de choisir la maison qui correspondra le mieux au cadre de vie de nos potentiels enfants tant espéré, donc un village paisible et vert avec d’autres jeunes, une école digne de ce nom, une maison avec un jardin et 2 chambres d’enfants à minima. Car la version idéale et rêvée de notre avenir on la connait : une grande maison, pleins d’enfants qui jouent, une vie simple faite de nature, de ballades en forêts, de transmissions, de câlins et d’amour.

Cela implique donc de se forcer à rêver, à croire en cet avenir qui potentiellement pourrait ne jamais advenir. Avec cette peur de ne jamais avoir d’enfants, de voir une grande maison avec pleins de pièces vides nous rappeler leur absence, ne pas réussir à s’intégrer à la vie locale parmi toutes ces familles.

Pour le moment on regarde déjà un peu les annonces, et cela retourne déjà le couteau dans la plaie, entre cet avenir incertain, et se rappeler que S. ne grandira jamais dans cette potentielle maison familiale. Mais en même temps il y’a l’excitation de s’installer dans notre cocon, dans une nouvelle vie qui nous correspondra probablement mieux. C’est beaucoup d’émotions ambivalentes à gérer pour mon esprit.

Tout cela me fait envisager l’avenir différemment.

La mort de S. a clairement changé la donne sur pleins d’aspects de ma vie. On s’est toujours vu en mode famille nombreuse, 3 ou 4 enfants. Malgré la PMA et l’infertilité, je ne voudrais pas renoncer à cela dans la mesure du possible. Cependant, avec le deuil périnatal, il y a la peur de revivre une épreuve similaire, la fatigue de mon corps vis à vis des traitements et du parcours. Dans l’optique où nous aurions la chance d’avoir un enfant biologique, je ne me vois pas ensuite enchaîner les FIV encore pour agrandir la famille. Peut-être, mais vraiment peut-être, pour un 2ème enfant, mais pour un 3ème non.

Alors depuis la mort de S. j’envisage plus concrètement l’adoption quoiqu’il advienne : que l’on arrive à avoir un enfant biologique ou non. Cette réflexion commence à prendre une place plus importante dans ma tête car j’en ai marre d’être tributaire des médecins pour espérer avoir un enfant. En ce moment, avec ce J5 qui n’attend que d’être transféré, j’ai l’impression qu’on prend une partie de moi en otage. C’est une partie de nous, mais on nous y bloque l’accès… sensation bien étrange.

Puis il y a aussi la réflexion du temps qui passe, d’où est la limite avec l’acharnement. Je pense que tout le monde a une jauge de choses qu’il peut encaisser. Le deuil a considérablement fait monter cette jauge très près de notre limite. Donc en cas d’échecs, je ne me vois pas aller jusqu’à 4 FIV. Je ne me vois pas passer encore 10 ans dans ce parcours, finir par avoir recours au don d’ovocyte après 4 FIV ratés. Il y a un moment où je dirais stop et je voudrai construire ma vie d »après. Comme je le disais, j’ai besoin de vivre, tout simplement.

Avec cette prospection de maison, je me rend compte que je ne pourrais pas habiter une telle maison tout en finissant par abandonner un projet de parentalité. Je veux élever une famille, qu’importe le lien de sang avec ces futurs enfants. Alors je commence tout doucement à me renseigner concrètement sur les démarches. Je ne veux pas attendre la fin du parcours PMA pour m’y mettre, car je connais bien les délais extrêmement longs. Bien évidement je suis consciente que c’est un peu plus « facile » d’adopter quand on a pas d’enfant biologique, mais plus difficile d’adopter pour agrandir encore la famille. Mais pour le moment ce n’est pas vraiment une question qui se pose. On verra cela en tant voulu, si par miracle la PMA fonctionne.

Nous envisageons l’adoption en France ou dans le pays dont est originaire le père de mon mari. Mon mari peut d’ailleurs demander la nationalité de ce pays depuis peu car les règles ont changé récemment (avant il fallait vivre au minimum 2 ans sur place), et c’est quelque chose qui lui tient à cœur. On espère que cela facilitera un peu les choses.

Chaque chose en son temps, je ne veux pas (et ne peux pas) mener tout de front, mais je pense commencer les démarches pour l’agrément une fois que nous aurons notre maison, qu’importe où nous en serons au niveau de la PMA à ce moment là. Bien évidement j’en suis au tout début de ma réflexion sur le sujet, alors tout cela va évoluer dans ma tête avec le temps et en me renseignant concrètement sur le sujet et les démarches. Ça fait beaucoup dans mon esprit, mais c’est la 1ère fois que je commence concrètement à envisager l’adoption comme une réalité, comme notre future parentalité. C’est un long cheminement qui commence.

Neige

Même si je n’ai pas l’âme ou de vrai talent de poète, quelques vers inspirés par les flocons qui tombent sans cesse derrière ma fenêtre cet après-midi.

 

Neige

J’ai toujours adoré

Cette lueur douce et feutrée ;

Réminiscence des hivers d’antan,

D’éclats de rire, d’un amour naissant.

 

Mais cette année le cœur n’y est pas

Car elle me rappelle sans cesse ton trépas

Tel un oiseau de mauvaise augure,

Elle me réserve quelque chose j’en suis sûr.

 

Il y a un an c’est elle qui te disait au revoir

Emportant avec elle tous nos espoirs.

La grande faucheuse tout de blanc vêtue

Jetait sur toi son dévolu,

Emportant avec elle par erreur

L’entièreté de nos cœurs .

 

On avait beau être au pays du père-noël,

Il n’y a bien que les neiges qui sont éternelles.